Les foulards rouges, par Frederic H. Fajardie, second volume d'un dyptique et pourtant écrit avant le premier tome : Le Voleur de vent (duquel j'avais parlé ici)
ISBN : 978-2-253-15346-7
Les foulards rouges
de Frederic H. Fajardie, auteur contemporain
Roman de Cape et d'épée
Style d'écriture sublime à l'ancienne
Chez Le Livre De Poche : 6€50
506 pages
www.fajardie.net
En ces temps de grands troubles, le futur roi, Louis XIV, humilié, fuit la Fronde et l’ambition des princes sur les mauvaises routes du royaume de France.
Au Palais Royal, un homme surgit, sauvant la vie du cardinal Mazarin. Il est comte, général d'artillerie, et s’appelle Loup de Pomonne, seigneur de Nissac. Nul ne l’a vaincu à l’épée, aucune armée ne l’a jamais défait. À la demande de Mazarin, Nissac monte une petite troupe, « Les Foulards rouges », curieux mélange d’aristocrates et de galériens.
Sabotages, missions secrètes, duels au clair de lune, guets-apens, tombes profanées, espions, rendez-vous galants, trahisons, poursuites dans les égouts, enlèvements, trésors exhumés, rien n’y manque, pas même la lutte acharnée entre deux femmes éblouissantes de beauté pour gagner le cœur de Nissac.
En cette époque étrangement moderne où les dames montent à cheval, l’épée au côté, et se battent en duel, où deux très grands écrivains français - le cardinal de Retz et La Rochefoucauld - luttent pour la Fronde, un autre péril menace... Le visage caché par un masque d’argent, un homme appelé « l’Écorcheur » terrorise villes et campagnes et va croiser la route de Nissac.
Ayant lu et adoré Le voleur de vent en premier, je suis tout de suite partie avec un a priori positif. Quelle joie de retrouver un Nissac, l'écriture tragique, comique et magique de maître Fajardie, et cette étincelle dans le regard de chaque personnage que l'on sait contempler dans sa vraie nature, la plus humaine et la plus vraie. Il n'y a que des héros dans cette histoire, même les méchants sont admirables ! Les intrigues de la Cour se nouent admirablement aux problèmes de la Fronde et l'action va crescendo.
Au début du roman, on n'attend qu'une chose : les foulards rouges ! Qui compose cette petite troupe ? Quels en sont les personnages ? Leurs caractères ? Leurs faits d'armes et leurs exploits ? Et qui, aaah, qui ravira le coeur de Loup de Nissac ?
Et l'on n'est pas déçus : action, coups d'éclat, coups d'état, prise et perte de Paris, reprise et reperte de la capitale, des batailles tout ce qu'il y a de plus triste et de plus héroïque - comme le goût du sang, amer, qu'on ne peut pourtant s'empêcher de lécher lorsque nos lèvres saignent. Et on en redemande ! Non pas du sang, mais de l'héroisme ! Des foulards rouges ! Cette poignée de loyalistes qui sauvera le régime de la Fronde, qui sauvera le roi, Mazarin et Anne d'Autriche !
Ah, si Anne d'Autriche est plutôt absente, on s'attache très très vite au jeune Louis XIV par l'amitié qu'il portera à l'un des membres des foulards rouges (un géant noir ancien condamné aux galères qui lui aura sauvé la vie) ; et l'on aime encore plus vite Mazarin et son accent italien ! L'homme est bon, loyal, franc et sincère. Peu importe ses idées royalistes, on ne peut s'empêcher de l'aimer. Lui, et tous les autres loyalistes. Mais aussi les Frondeurs malgré ce pour quoi ils se battent. Fajardie réussit à nous faire frissoner quand à leur sort.
Et l'Ecorcheur ! Ah ! L'Ecorcheur ! L'auteur nous fait patienter jusqu'aux dix dernières pages... on ne le sait qu'à la toute fin, et raaaah, quelle horreur ! Si l'on s'était doutés ! Je ne dirai pas qui est l'Ecorcheur mais sa place en le Royaume des Lys est très haute, trop haute pour qu'on puisse s'en douter. A croire que ce sont les plus grands qui ont les plus grands vices.
Bon, il y aurait dans cette "critique" (qui n'a de critique que le nom pour l'instant, hihi) bien d'hommages à bien de personnages à ajouter, mais c'est impossible. Mieux vaut lire le roman ! Il leur rendra bien mieux justice que moi !
Petit regret et déception : l'intrigue, bien que très différente au fond, suit tout de même les même lignes principales que l'autre roman du dyptique. Les deux femmes entre lesquelles le coeur de Nissac balance, son héroïsme, ses pensées, ce qui lui arrive, sa disparition... sa mort aussi. Je n'ai malheureusement pas réussi à me débarasser de l'image de son père, Thomas de Pomonne, comte de Nissac et il n'y a qu'à la fin, lors de l'éblouissante scène de fin que, enfin, j'ai mis un visage sur l'étonnant portrait dressé à travers tout le roman. Un sourire surtout.
Mis à part ce léger regret, je n'ai rien d'autre à reprocher à ce roman. Après tout, cela confirme que Loup est bien le fils de son père, et ce me semble normal, après lecture, qu'il y ai tant de similitudes.
