Alors, comme je pouvais pas parler de tout j'ai fait un peu de tri
House, MD (Dr. House) : mutilé par la diffusion TF1, ce qui ne me surprend pas réellement, notre cher Grégory House mériterait qu'on parle un peu plus de lui. La série est construite autour du personnage de ce docteur à la fois cynique, malheureux, mais surtout terriblement
right. Parce que vous me direz, des personnages cyniques on en a vu légion, ça suffit pas pour construire une série. Mais House va la plupart du temps beaucoup plus loin que ça : il va extraire la vérité la plus dérangeante possible de ce que la situation lui offrira. Vous ne l'aimerez pas. Mais il ne s'éloignera que très peu souvent de la vérité. Et ce genre de personnages est beaucoup plus rare.
D'ailleurs je m'étonne du score que la série fait en Amérique, je m'attendais pas à ce que tant de gens apprécient qu'on les mette devant leurs défauts sans aucune préparation^^
Le problème de cette série, c'est qu'House est souvent trop mis en avant, et qu'il éclipse de ce fait une partie de ce que certains autres personnages à fort potentiel pourrait apporter. On lui reprochera aussi un manque d'évolution qui la rapproche du formula show (= chaque semaine la même chose avec une recette différente). Mais dans l'ensemble, on rit bien, et si l'on en cherche l'occasion, on peut également réfléchir. Une très bonne expérience pour moi.
Dexter : "Voici un personnage particulièrement horrible. Nous allons le construire, lui donner une personnalité qui, malgré le fait qu'il soit horrible, le rendra attachant. Et au final, vous allez l'aimer." Voilà le défi que se fixent les scénaristes en adaptant à l'écran ce roman de Jeff Lindsay, et le résultat est assez bluffant.
Nous avons donc un serial killer inapte à ressentir la moindre émotion, qui garde une collection de gouttes de sang de ses victimes à l'intérieur de son ventilo, qui suit un code que lui a enseigné son père adoptif, qui a une soeur, une petite amie mère de deux enfants, et surtout, beaucoup de choses à nous dire. Dexter Morgan est le narrateur de sa propre histoire, ce qui nous donne accès à ses pensées en même temps qu'à ses actes.
Après les 12 épisodes qui constituent l'excellente saison 1 de cette série, le message est passé : "Vous avez apprécié un voyage en compagnie d'un être que vous saviez mauvais. Alors... Est-ce que le bien et le mal, c'est si important que ça, finalement ?"
Un beau boulot de discours scénaristique, vraiment.
Sleeper Cell : Je ne parlerai ici que de la saison 1 de SC, car j'ai quelques appréhensions concernant la suite de la série. D'une part, je savais à l'avance qu'il serait très très difficile de faire aussi bien (sans parler de mieux), et d'autre part les premiers échos qui m'arrivent confirment que le niveau a baissé d'un cran.
Sleeper Cell, c'est le contraire de 24h chrono. C'est le terrorisme islamiste présenté avec une quantité de nuances impressionnante, avec une réflexion millimetrée derrière chaque personnage. Sans me forcer, je dénombre 14 visions de l'islam différentes à travers les personnages principaux et 7 backgrounds sans aucun rapport les uns avec les autres qui conduisent à devenir terroriste. C'est l'individualité des personnages poussée à l'extrême, et ça m'étonnerait que la réalité diffère énormément de ce qui est présenté.
Le risque, c'est que les USA deviennent le méchant diabolisé, puisque la majeure partie du temps, on suit ses ennemis. Mais ce n'est pas le cas non plus. Je sais pas comment ils ont réussi ça, mais c'est un fait : ils ont fait une série objective sur l'islamisme. Le destin de Malik et l'histoire de Khashul résument en 10 minutes chacun tout ce qu'il y a à savoir sur cette série et sur le conflit Bush vs terrorisme en général.
ET, le rythme est réussi. Non parce que souvent, dans les séries où chaque épisode suit le précédent, on arrive rapidement aux baisses de régime et à l'ennui. Là, que dalle. On décroche pas, on suit chaque personnage et pour peu que l'on se prête au jeu, on les comprend. Assez impressionnant.
Il faut regarder en VO. Enfin, personnellement je professe qu'il faut regarder absolument tout en VO, mais ça et The Wire sont les deux seuls pour lesquels la VO est réellement nécessaire. Quatre langages sont impliqués dans la VO, le français y compris. C'est un crime de le regarder en VF, on perd beaucoup plus qu'un quart de la richesse.
Faut encore que je vous parle d'Oz (quoique, encore besoin de la présenter ?), de Carnivàle et de The Wire
. Je garde ça pour un prochain jour^^