Et on croit avoir l'habitude, finalement.
- Chance
- Gardienne du fouet
- Messages : 95
- Inscription : 30 Mars 2005, 17:00
- Localisation : Aléatoire. Allez Atoire, allez Atoire, allez... [phpBB Debug] PHP Warning: in file [ROOT]/vendor/twig/twig/lib/Twig/Extension/Core.php on line 1236: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable
Et on croit avoir l'habitude, finalement.
Je ne sais pas pourquoi ce souvenir m'est revenu aujourd'hui. Et je ne sais pas pourquoi j'ai envie de le poser par écrit et de le faire lire.
Enfin.
C'était un jour ou il faisait beau, je suppose que c'était l'été.
On était dans le jardin, ma petite cousine, mon "frère" et moi.
Je devais avoir treize ans, peut être quatorze.
Comme d'habitude, mon "frère" parlait.
Comme d'habitude, il se moquait de moi.
Contrairement à d'habitude, je lui ai répondu.
Comme d'habitude, ça lui a déplu.
Comme d'habitude, il a voulu me frapper.
Contrairement à d'habitude, il a pris une des chaises de jardin pour le faire.
Je suis tombée à la renverse, je me suis protégée des avants bras, le temps qu'il arrête un instant.
Je savais qu'il y avait deux façons de réagir, globalement adaptable.
La plupart du temps, il fallait faire semblant de ne pas avoir mal, de ne plus exister, se recroqueviller et ne plus bouger. A peine respirer. Ne surtout rien dire, ne surtout pas protester.
Une fois qu'ils avaient fini de se défouler (Parce que parfois, c'était ma mère qui s'y mettait, pas lui) ils arrêtaient. Ils disaient souvent des choses comme "J'espère que tu t'en souviendras" ou "Tu sais bien qu'il faut pas m'énerver" ou d'autres choses plus injurieuses.
Dans certains cas par contre, et c'est souvent quand ils disaient quelque chose comme "T'en veux encore? Hein t'en veux encore?" ou "Putain tu vas apprendre à me respecter", il ne fallait surtout pas ne pas réagir. Là, le sanglot était de rigueur, sinon ils allaient frapper jusque ça saigne, de préférence fort et ensuite, ils allaient me reprocher toute la soirée de les avoir poussé à bout. De les mépriser, de les regarder avec ce "petit air supérieur de pute" ou ce genre là.
Ce jour là était du second cas. Et la chaise faisait plus mal que les poing. Elle était en plastique, le plastique fouettait. Encore, les poings sont amortis quand on prend les coups vers le haut du dos (Croyez-en mon expérience.) mais là, impossible.
D'autant que face à ma cousine, je ne voulais pas. Elle était encore très jeune, elle allait à nouveau se mettre à m'insulter en cachette, parce que ça l'amuserait de pouvoir le faire. Je devais la garder, elle serait impossible à tenir.
Donc, je me laissais aller à quelques sanglots. La chaise s'est suspendue, mon "frère" commençait sans doute à être satisfait de son effet.
Et là, un son venant de chez les voisins me glaça le sang.
"Ho, arrête de chialer, je veux faire la sieste!"
Ma mère me disait souvent, après une gifle, que les voisins lui avaient encore dit que j'avais crié, le temps qu'elle était partie faire les courses. Au début, j'avais essayé de lui dire, pourquoi je criais, c'était pire après. Alors je me suis tue. Après, j'avais essayé de me défendre avec ce que je pouvais, mes ongles, mais ça lui laissait des marques, alors elle me corrigeait. Alors c'était pire, alors j'ai oublié l'idée.
Mais là... Là, j'ai senti une bouffée de haine venir du plus profond de ma gorge et m'étouffer à moitié.
Cette voisine, c'était sans doute elle qui lui en parlait. D'autant que son balcon avait vue sur le jardin.
elle savait, donc, et elle était consciente que.
Que.
Et ce n'était pas "Ne la frappe plus" mais "Ne chiale pas encore."
Je me suis tue, mon "frère" a fuit, de peur des témoins.
Moi, je suis restée au sol. Longtemps, à ruminer ma haine nouvelle.
Une haine terrible, qui venait d'exploser dans ses quelques mots.
Ce jour là, en une phrase, je crois que j'ai perdu une partie de mon innocence d'enfant.
Je me suis rendue compte que personne, personne ne me sauverait. Que je ne valais pas plus que trente décibels un jour d'été.
Avant, moi, j'croyais que les gens n'étaient pas aussi méchants.
Enfin.
C'était un jour ou il faisait beau, je suppose que c'était l'été.
On était dans le jardin, ma petite cousine, mon "frère" et moi.
Je devais avoir treize ans, peut être quatorze.
Comme d'habitude, mon "frère" parlait.
Comme d'habitude, il se moquait de moi.
Contrairement à d'habitude, je lui ai répondu.
Comme d'habitude, ça lui a déplu.
Comme d'habitude, il a voulu me frapper.
Contrairement à d'habitude, il a pris une des chaises de jardin pour le faire.
Je suis tombée à la renverse, je me suis protégée des avants bras, le temps qu'il arrête un instant.
Je savais qu'il y avait deux façons de réagir, globalement adaptable.
La plupart du temps, il fallait faire semblant de ne pas avoir mal, de ne plus exister, se recroqueviller et ne plus bouger. A peine respirer. Ne surtout rien dire, ne surtout pas protester.
Une fois qu'ils avaient fini de se défouler (Parce que parfois, c'était ma mère qui s'y mettait, pas lui) ils arrêtaient. Ils disaient souvent des choses comme "J'espère que tu t'en souviendras" ou "Tu sais bien qu'il faut pas m'énerver" ou d'autres choses plus injurieuses.
Dans certains cas par contre, et c'est souvent quand ils disaient quelque chose comme "T'en veux encore? Hein t'en veux encore?" ou "Putain tu vas apprendre à me respecter", il ne fallait surtout pas ne pas réagir. Là, le sanglot était de rigueur, sinon ils allaient frapper jusque ça saigne, de préférence fort et ensuite, ils allaient me reprocher toute la soirée de les avoir poussé à bout. De les mépriser, de les regarder avec ce "petit air supérieur de pute" ou ce genre là.
Ce jour là était du second cas. Et la chaise faisait plus mal que les poing. Elle était en plastique, le plastique fouettait. Encore, les poings sont amortis quand on prend les coups vers le haut du dos (Croyez-en mon expérience.) mais là, impossible.
D'autant que face à ma cousine, je ne voulais pas. Elle était encore très jeune, elle allait à nouveau se mettre à m'insulter en cachette, parce que ça l'amuserait de pouvoir le faire. Je devais la garder, elle serait impossible à tenir.
Donc, je me laissais aller à quelques sanglots. La chaise s'est suspendue, mon "frère" commençait sans doute à être satisfait de son effet.
Et là, un son venant de chez les voisins me glaça le sang.
"Ho, arrête de chialer, je veux faire la sieste!"
Ma mère me disait souvent, après une gifle, que les voisins lui avaient encore dit que j'avais crié, le temps qu'elle était partie faire les courses. Au début, j'avais essayé de lui dire, pourquoi je criais, c'était pire après. Alors je me suis tue. Après, j'avais essayé de me défendre avec ce que je pouvais, mes ongles, mais ça lui laissait des marques, alors elle me corrigeait. Alors c'était pire, alors j'ai oublié l'idée.
Mais là... Là, j'ai senti une bouffée de haine venir du plus profond de ma gorge et m'étouffer à moitié.
Cette voisine, c'était sans doute elle qui lui en parlait. D'autant que son balcon avait vue sur le jardin.
elle savait, donc, et elle était consciente que.
Que.
Et ce n'était pas "Ne la frappe plus" mais "Ne chiale pas encore."
Je me suis tue, mon "frère" a fuit, de peur des témoins.
Moi, je suis restée au sol. Longtemps, à ruminer ma haine nouvelle.
Une haine terrible, qui venait d'exploser dans ses quelques mots.
Ce jour là, en une phrase, je crois que j'ai perdu une partie de mon innocence d'enfant.
Je me suis rendue compte que personne, personne ne me sauverait. Que je ne valais pas plus que trente décibels un jour d'été.
Avant, moi, j'croyais que les gens n'étaient pas aussi méchants.
Un sauveur tombe du ciel.
Je suis un ange déchu.
Je suis tombé du ciel.
Et donc, je suis ton sauveur.
Laisse-toi faire.
Je suis un ange déchu.
Je suis tombé du ciel.
Et donc, je suis ton sauveur.
Laisse-toi faire.
- Oph
- Ninja !
- Messages : 884
- Inscription : 27 Déc 2007, 11:47
- Localisation : Dans le tiroir à ninjas
- Contact :




C'est la seule réaction dont j'arrive à être capable après ça.
J'ai beau "savoir" que ces choses-là existent, comme on "sait" qu'il y a une soixantaine de millions d'habitants en France, à titre purement informatif dans un coin du cerveau, je n'arrive pas à l'assimiler.
Les violences en famille, ça me dépasse. Ma famille est loin d'être un modèle du genre, mais on n'en est pas arrivé là.
Quant au voisin... Le voisin qui se tait, qui n'ose pas intervenir, ça, je le conçois. Mais le voisin qui tape sur la victime, même à bientôt trente ans, ça me met en mode "division par zéro".
Est-ce que c'est bien, qu'il m'en reste, de l'innocence ? Ou est-ce au contraire de la bêtise à éliminer au plus vite ?
- Chance
- Gardienne du fouet
- Messages : 95
- Inscription : 30 Mars 2005, 17:00
- Localisation : Aléatoire. Allez Atoire, allez Atoire, allez... [phpBB Debug] PHP Warning: in file [ROOT]/vendor/twig/twig/lib/Twig/Extension/Core.php on line 1236: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable
Désolée, je sais pas pourquoi j'ai écris ça :/
Pour la famille, non, personne ne m'a soutenue. "Rho quand même, t'es pas maltraitée." disait-on.
Ha non, ça non, hein. Jamais. Juste tous les jours.
Ca s'est arrangé, bien sûr, puisque j'ai déménagé. Je ne les vois plus.
J'ai eu de la haine, j'ai eu du mépris... Maintenant c'est de la froideur mêlée de pitié.
Merci, je... Excusez-moi.
Pour la famille, non, personne ne m'a soutenue. "Rho quand même, t'es pas maltraitée." disait-on.
Ha non, ça non, hein. Jamais. Juste tous les jours.
Ca s'est arrangé, bien sûr, puisque j'ai déménagé. Je ne les vois plus.
J'ai eu de la haine, j'ai eu du mépris... Maintenant c'est de la froideur mêlée de pitié.
Merci, je... Excusez-moi.
Un sauveur tombe du ciel.
Je suis un ange déchu.
Je suis tombé du ciel.
Et donc, je suis ton sauveur.
Laisse-toi faire.
Je suis un ange déchu.
Je suis tombé du ciel.
Et donc, je suis ton sauveur.
Laisse-toi faire.
- Sombreloup
- Lupus Grognus
- Messages : 141
- Inscription : 20 Juil 2006, 22:10
- Localisation : D'ici et d'ailleurs... [phpBB Debug] PHP Warning: in file [ROOT]/vendor/twig/twig/lib/Twig/Extension/Core.php on line 1236: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable
- Blackwatch
- Chef de la propagande
- Messages : 1125
- Inscription : 16 Mars 2005, 11:44
- Localisation : Pays Noir (B)
- Contact :
- siana-blackangel
- membre d'honneur
- Messages : 1418
- Inscription : 01 Fév 2008, 18:56
- Genre de livres que vous lisez le plus souvent ? : Fantasy et Fantastique
- Localisation : dans le 49, entre la terre et les nuages
- Contact :
- siana-blackangel
- membre d'honneur
- Messages : 1418
- Inscription : 01 Fév 2008, 18:56
- Genre de livres que vous lisez le plus souvent ? : Fantasy et Fantastique
- Localisation : dans le 49, entre la terre et les nuages
- Contact :
Revenir vers « Les pires moments de votre vie »
Qui est en ligne ?
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invités