EDIT : Y a eu plein de réponses pendant que je tappais la mienne.
Rapido, avant mon message, Cibylline, y a des nuls partout. Y compris parmi les travailleurs sociaux.
Après,... ben j'explique en-dessous combien c'est compliqué de savoir ce qui est "bien".
Et au niveau relatif, tu te bases sur quelques cas. Moi je parle de milliers de dossiers qui me sont passés sous les yeux. Ok, sur quelques-uns, le travailleurs social était limite... comme moi j'ai pu l'être en estimant que le placement ne se justifiait pas.
Enlever un enfant de sa famille, c'est dur, pour tout le monde, crois moi.
Post initial :
Bon, bon, bon,... le débat est lancé mais je ne sais pas si c'est le bon endroit pour, ne serait-ce que par respect pour le post de Chance.
Je laisse le soin aux modos de faire le tri.
Pour répondre à Harfang, ASE (Aide Sociale à l'Enfance) et responsable d'un secteur "sensible".
Tout d'abord :
Et demande-toi pourquoi en général, on se méfie plus des assistantes sociales qu'on ne les voit comme des sauveuses de l'enfant.
Et, pour rajouter sur ce qu'a dit Nicky, trop d'assistants sociaux qui laissent perpêtrer les pires choses pour qu'on ne soit pas super méfiants...
Je ne préjuge ni des expériences des uns, ni de celles des autres.
Mais voyez la réaction d'Harfang. C'est celle de tous les travailleurs sociaux travaillant dans ce secteur. Des femmes et des gars qui se crèvent à la tâche, qui essayent de faire au mieux avec des moyens dérisoires, qui subissent perpétuellement l'agressivité des usagers et l'incompréhension du commun des mortels.
Des humains qui ont une volonté de fer mais qui craquent malgré ça. Dans mon service, j'ai trois collègues qui sont en arrêt maladie. C'est pas pour rien.
On se méfie des AS ?
C'est normal. Cela ne fait jamais plaisir de s'entendre dire qu'on n'est pas en mesure de s'occuper correctement de ses gamins.
En revanche, je te rassure, y en a beaucoup qui n'ont pas ces scrupules quand il s'agit de demander une aide financière, un accompagnement éducatif ou même un placement de leur gamin dont ils ne supportent plus de voir la gueule.
Et oui, il y a des parents qui n'attendent que ça. Qu'on mette leur gamin dans un foyer.
Pire, y a même des gamins qui viennent nous voir pour qu'on les sorte de leur merde quotidienne.
Je vous rassure, cela fait un petit moment que j'ai libéré les gamins de ma cave après les avoir injustement enlevés à leurs parents irréprochables sous tout rapport. Dommage pour certains d'ailleurs. Ils étaient mieux dans ma cave à tricoter des chaussettes pour l'hiver.
Les services sociaux qui ne voient rien ? Ben oui, bien sûr. Cela existe.
Quand ils ne voient rien, ce sont des incapables.
Et quand ils voient trop, ce sont des enleveurs d'enfants.
Prenez l'exemple de Chance. Le voisin, il sait et ne dit rien. C'est la faute aux services sociaux peut-être ?
Pourtant, ile me semblait que c'était la mode actuelle dans la littérature SFFF de dire "Ouais, rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir, vive le gris !".
Ben ouais, c'est vrai. La vie, c'est gris. C'est sale.
Savoir si un enfant est en danger, ça se devine comme ça ? Au premier coup d'oeil ?
Savoir s'il faut vraiment demander un placement ? Ou si c'est jouable que ça tienne en famille ?
A chaque fois que je demande un placement en urgence au Procureur de la République, je flippe ma race. J'en dors pas. Je ne sais pas si j'ai fait le bon choix.
J'fais juste de mon mieux, dans l'intérêt de l'enfant.
Vous croyez que c'est drôle de mettre en oeuvre le placement d'un enfant ? De décider d'aller chercher un nouveau-né à la maternité, de l'arracher des bras de sa mère de 16 ans qui n'a que l'abri du squat où elle se prostitue pour quelques doses de came à lui offrir ?
Alors oui, on est des méchants et des incapables.
Mais notre boulot ce n'est pas d'être gentil. Et notre boulot c'est de faire au mieux.
Juste pour dire : je n'apprécie pas du tout que tu mettes sur le même plan le parent à bout de course qui va "déraper" et le parent maltraitant.
Le premier sombre, le deuxième est un tortionnaire pour lequel, sans aucun état d'âme, je pourrais voir prononcer la peine de mort (ouais, désolée, mais, moi, je suis pour).
Bref, on peut difficilement comparé une personne qui a failli à un criminel.
Et oui. C'est tout blanc et c'est tout noir.
Ok, maltraitance sexuelle, y a pas photo. J'vais pas non plus me lancer dans une apologie des pédophiles. Y a bien assez sujet à polémique ici.
Maltraitance physique... Hum... à partir de combien de claques par semaine on passe de "parent qui dérape" à "parent criminel qui mérite la peine de mort" ?
Nan, sérieux ? Une, ça passe ? Allez... deux ou trois ? P'têt une tous les soirs histoire que ce foutu gamin qui ne veut pas se coucher nous foute la paix pour qu'on puisse se reposer d'une journée de merde et qu'on essaye de voir comment on va payer le loyer ce mois-ci ?
Maltraitance psychologique... j'développe pas, mais la frontière est encore plus ténue. Quand je me rappelle d'une gamine de 16 ans qui a fait une tentative de suicide parce qu'elle n'a pas eu la moyenne en maths, j'me dis qu'il y a du lourd derrière.
P'têt même de la peine de mort tiens.
Parce que là, le coup du "permis de procréer", comme l'a souligné Nicky, c'est quand même plus que limite... Même s'il est clair qu'on viendra sans doute à un truc dans le genre, ce serait bien dans la logique de l'évolution orwellienne de notre société.
Que ce soit clair. Il est évident que je ne peux cautionner une telle théorie qui va à l'encontre de mes convictions.
Faire l'avocat du diable, ça va un moment, hein.
Mais je me pose la question. Je me pose trop souvent la question.
Allez hop, du concret :
Une mère seule avec cinq enfants, entre 4 et 12 ans. Et un autiste parmi eux parce que ce n'est pas drôle sinon. Tous de pères différents et portés disparus bien sûr. Elle s'en sort pas. Elle fait du ménage dans une entreprise d'insertion. Elle galère. Elle fait de son mieux, la pauvre dame. Elle est quand même limite dépressive et abuse du Lexomil. Mais heureusement, il y a sa grande de 12 ans. Elle, elle peut s'occuper des petits, préparer les repas, accompagner les petits frères et soeurs à l'école, la réveiller quand elle est trop assomée le matin. Mais quand même, c'est dur, d'autant que la grande de 12 ans elle commence à en avoir sa claque. Notre brave dame demande de l'aide aux services sociaux.
Ceux-ci, malgré leur méchanceté et leur incompétence, font au mieux pour aider :
_ Au niveau financier, suivi budgétaire, dossier de surrendettement, aides financières pour boucler le mois.
Au niveau de logement : fond de solidarité logement, réhabilitation de l'appart, intervention des services d'hygiène pour éradiquer la colonie de cafards et les rats qui dorment dans les lits des gamins.
_ Au niveau éducatif : un éducateur pour faire la médiation entre les gamins et la mère, mise en place d'une Auxiliaire de Vie Scolaire pour le petit qui tient pas en classe, suivi psychologique au CMP, intervention d'une travailleuse familiale pour le ménage, les courses, l'aménagement de l'appart.
_ Au niveau santé : mise à jour des vaccins, mise en place de suivis orthophoniques nécessaires et intervention massive au niveau des soins dentaires.
_ Pour le gamin autiste : Institut de Rééducation, transports taxis pour les allers-retours.
_ Au niveau scolaire : classes spécialisées, internat pour le p'ti reblle de 10 ans.
Pfiouuu ! Y a du lourd là ! De l'étayage à tous les niveaux ! C'est serré mais ça tient ! C'est tendu comme le string d'un sumo mais on va s'en sortir !
Et là, paf, notre brave dame nous annonce qu'elle est enceinte...
Nan sérieux. Faut pas déconner non plus. Cette brave dame est en incapacité de s'occuper de ses 5 gamins et elle nous en sort un autre ?
J'veux bien, la liberté, la société solidaire, toussa, toussa,...
Mais putain merde !!!
Elle y pense à ses autres gamins ? A sa grande 12 ans qui va se lever la nuit pour nourrir le nourrisson parce que pov mamam elle est trop assomée par les anti-dépresseurs ? A cette gamine qui se retrouve à 12 ans dans un rôle d'adulte ? Qui ne peut plus s'investir dans sa scolarité ? Qui ne rêve que d'une chose, c'est de se barrer ?
J'vous assure, ce n'est pas de la caricature. C'est du réel. Et des exemples comme ça j'peux vous en sortir à la pelle.
J'ne vous parle pas du gamin de 14 ans en cellule de contention (Comme Nicholson dans Vol au dessus d'un nid de coucou) depuis 4 mois sous camisole physique et chimique, de cette gamine de 6 ans qui crève littéralement de ne pas voir sa mère trop occupée à s'éclater avec ses potes,...
Oui, c'est une abhération le "permis de procréer". Oui, c'est odieux.
Mais, sincèrement, y a des gamins, ils feraient mieux de ne pas voir le jour.
Alors oui, on peut les accepter comme ça. Ils seront ce qu'ils seront.
Mais putain, c'est laid de voir des gamins souffrir.
Demande-toi si le pire est une injustice chaotique, fondamentale à la nature même de la vie, ou si c'est une injustice parfaitement contrôlée qui détermine chaque aspect de ta vie, jusqu'à l'heure à laquelle tu devras aller aux chiottes et s'il est convenable que tu te grattes les couilles devant tes gosses.
Réponse vraiment remarquable. Faut que je me la garde.
Tu as raison sur toute la ligne.
Mais, dans mon cas, quand j'ai le nez dans la merde à longueur de journée, j'finis par penser de la merde.