ATTENTION!!! SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER!!!
Bon, je ne suis pas motivé pour écrire, Grand Flemmard que je suis, mais il faut que je ponde la deuxième partie de ma critique, sur les aspects négatifs.
Mon précédent post en atteste, ce livre regorge de bonne chose. Seulement voilà, ficher milles et un petits trucs cachés (à base de dualité ou sur la façon dont on peu interpréter le titre) et brasser plusieurs thèmes, c'est bien beau mais ce n'est pas tout.
Après tout ces thèmes sont là pour servir de véhicule à l'histoire, à moins que l'auteur se serve de son histoire par aborder des thèmes qui lui tiennent à cœur.
Et en ce qui me concerne, moi je note avant tout un film/livre/jeu/ce que vous voulez sur son "potentiel fun". Oui, carrément!
En clair, et pour parler vulgairement, on s'en cogne un peu des thèmes d'une œuvre, est-ce qu'avant tout elle va remplir son cahier de charge en terme de plaisir...C'est pas pour rien qu'on dit "entertainment" en ricain!
Et c'est là que le bât baisse. Passé les premiers chapitres où je me la jouais "je lis un livre jeunesse", force est de constater que je me suis profondément ennuyé en lisant ce livre, et ce pour plusieurs raisons que je vais énumérer en ordre croissant (des trucs moins importants à ceux plus graves).
- Attention, je sorts mes gros sabots de Mâle Bourrin! Ça manquait quand même sincèrement de punch et d'action, ou de longs passages de suspens. Même la fuite de Noony et d'Alexian ressemble presque à une simple petite ballade! Bref, on a plutôt droit à plusieurs intrigues et rapports entre les personnages. Ce n'est pas plus mal, sauf que...
- Les longs, trrrrrrèèèès longs passages à base de "je t'aime, moi non plus" entre Noony et Alexian sont au mieux ennuyeux, au pire vraiment agaçants. Bon, il faut relativiser : on me dira que ça fait partie des joies de l'adolescence, et que le "fétichiste-vierge-toujourspasintérésséparlesrelationsamoureuses" que je suis va forcément trouver ça chiant!
Après tout, c'est comme si je me plaignais en regardant Transformers de tous les passages où le beau gosse essaye de draguer la belle fille à bord de sa belle grosse bagnole car je hais les voitures et je n'ai jamais essayé de draguer.
Cependant, je ne suis pas contre certaines histoires d'amour. Je dois même en mettre dans mes histoires! Donc il y a un pépin quelque part dans la relation Noony/Alexian, tellement ces deux-là finissent par devenir de vrais boulets que l'on doit supporter! Tous ces passages à base de "je ne te parle plus car tu te rinçais l'œil" et autres "maintenant je fais semblant de sortir avec quelqu'un d'autre pour te rendre jaloux/jalouse" sont dignes de la pire bluette d'adolescents made in Smallville.
Idem en ce qui concerne certaines scènes se déroulant dans la pension (un passage assez agréable par moment, sans doute car il me faisait légèrement penser à Harry Potter!). Yamilia, qui n'est rien d'autre qu'une petite peste comme un autre, est montrée comme un monstre provoquant de la souffrance. Il n'y a qu'à voir la scène où elle lit la lettre d'Arelun : le genre de truc digne de gosses, et qui a plutôt fait sourire l'adulte que je suis! Sur le coup j'avais vraiment envie que Yamilia lise cette lettre et se moque un peu d'Arelun, c'est dire ! (avant qu'on ne me traite de méchant bonhomme, je tiens à signaler que j'ai longtemps été un souffre douleur à l'école!) Sauf que dans le roman, ce simple petit accident on ne peu plus banal et assez pétillant, va prendre des proportions dramatiques absolument ahurissantes, avec une tentative de suicide d'un côté, et un défigurement de l'autre!
Mais qu'est ce que ça sera quand ces gosses seront confrontés à la vie, la vraie, la dure! Ils vont nous faire des attentats suicides déguisés en emo-kids?
Alors certes, parler du suicide chez les jeunes était une bonne idée au départ. Que des jeunes se soient vraiment suicidés car d'autres aient lu leur lettre d'amour, bon, soit, c'est peut-être arrivé...Ce n'est pas une raison suffisante pour mettre ça dans un livre. Car en l'espèce, moi je le dis tout de go, ça ne passe absolument pas dans un bouquin, mais alors pas du tout. Et je doute que ça passe dans un film. En clair, je me fiche de savoir si de telles choses sont vraiment arrivées, des fois il ne faut pas copier/coller la réalité dans un récit sous peine que ça tombe à l'eau.
Ça n'aura pas gêné certains, mais moi là je levais les yeux au ciel.
- Le pire c'est de savoir que ces passages auraient mieux passés s'ils n'étaient pas dénués d'humour, je parle des relations entre Noony et Alexian. La vérité est que je me demande si Sam n'a pas disséminé quelques touches d'humour : la scène où Noony fiche une raclée à Alexian en lui disant "dis-donc toi! Tu te rinçais l'œil là?!" était-elle censée être drôle? A cause de sa construction, moi personnellement je l'ai prise telle quelle, mais ce n'était peut-être pas l'effet souhaité par Sam!
J'aurais aimé voir plus d'humour, mais je me demande si cela n'aurait pas nuit au livre d'un autre côté. C'est certain qu'un peu d'humour allège tout cela, et ça passe bien dans un roman qui pourrait toucher le public jeunesse. D'un autre côté les jeunes doivent aussi être confrontés à des œuvres plus sombres de temps à autres.
- J'ai noté quelques incohérences un chouïa "gênantes", limite des énormes bourdes par moments. Parmis les plus grosses je noterais la bourde de la troupe de Noony qui, alors qu'ils sont recherchés, se pointent devant le bateau pour se faire recruter avec les conséquences que ça entraîne : "ce sont eux! Ce sont eux! Les gars recherchez! Attrapez-leeees!" : digne d'un joueur de jeu de rôles débutants!
La rapidité avec laquelle se déroule cette scène ne la rend que plus hilarante! Le pire c'est de savoir que cette scène n'apporte rien car les personnages sont libérés deux pages plus loin par un Deus Ex Machina digne d'un MJ clément qui sauve ses joueurs. J'ai limite eu l'impression que Sam voulait faire monter ses personnages sur ce bateau, savait qu'ils allaient se faire arrêter (elle ne pouvait tout de même pas faire passer les gardes pour des idiots), et que donc un autre personnage devrait apparaître pour les sauver. Au lieu de se dire "bon bah, c'est quand même un peu gros, il faudrait trouver une autre scène afin que ces personnages se retrouvent à bord". Heu...Au fait, comment se fait-il que la bande à Noony ne se fait arrêter qu'au moment où ils se présentent à bord du bateau. Ils sont recherchés par tout le pays, morts ou vifs : il y a absolument pas de groupes de gardes qui taillent la campagne et parcourent les routes principales (voir secondaires) pour essayer de les trouver? Quelle organisation : c'est bien simple, à aucun moment nos héros ont été sous la menace de se faire attraper, à aucun moment ils n'ont du courir quelque part pour se cacher, et Aryador ne sera jamais très menaçant. En fait leur agression à l'auberge, qui devait logiquement marquer le début de leur problèmes, sera leur seul véritable...problème, justement!
Autre exemple : Laï-Mune est la seule personne qui peut sauver le monde. Une fois qu'ils arrivent en Rouge-Terre, les personnages attendent le dernier moment pour lancer la Plaie Fleurie alors qu'ils avaient plusieurs heures pour le faire. Pourquoi? Ce n'est pas vraiment expliqué. Pire encore, on ne va surtout pas poster quelques guerriers de Grise-Aube, faisant fi de toute logique, afin de la laisser seule avec Noony et Alexian. Après tout elle doit se faire tuer par Aryador pour le bien de l'histoire, non? Je me fiche qu'une bataille se déroule à côté : si j'ai un mage avec moi qui peut sauver le monde, punaise, je vais faire en sorte qu'il soit bien protégé le temps qu'il balance son sort!
La scène où Orius apprend de la bouche d'un vieillard que ce serait un grand bonhomme avec une cicatrice au visage qui aurait agit (je suppose qu'Orius ne sait pas qu'il s'agit de son père, après tout Zephyr a put se faire cette cicatrice après avoir coupé les ponts avec son fils). Je trouve quand même gros qu'un chef veilleur prenne pour argent comptant le témoignage d'un vieux qui pourrait être en train d'inventer une jolie histoire. Qu'Orius se dise "bon, ça peut être un piste, hop, je vais l'écrire sur un coin de table", oui. Mais qu'il pense qu'il tient enfin le truc qui va le faire avancer dans l'enquête, moi je trouve ça un peu gros. En fait, qu'Orius apprenne cela ainsi ne me gène pas tellement, c'est la façon dont tout cela est amené : par un dialogue ultra court durant à peine quelques lignes...Mais j'y reviendrait plus tard.
Je continue? Pauvre Cyrielle, Première Citoyenne et patronne de Volplumme, dont le travail consiste...A recevoir tous les gens demandant asile afin de décider qui seront accueillis et qui ne le seront pas. Bon, je veux bien qu'on soit dans un récit d'héroic fantasy, mais je vais sortir ma calculette : sachant le nombre de personnes qui se présentent, la durée des entretiens, le fait qu'elle les étudie au cas par cas, TOUTE SEULE, et le fait qu'elle a sans doute d'autres tâches importantes à mener, ben-heu...Et béh, a t-elle au moins le temps de dormir? J'espère qu'il n'y a pas tant de gens se présentant à Volplumme comme il y en a à une Ambassade pour un visa, parce que j'imagine même pas la prise de tête!
Aller, une dernière pour la route. Qu'Alexian se teigne les cheveux en bruns pour ne pas se faire remarquer, ok. Mais punaise, il se balade constamment avec un lynx! Je veux bien admettre qu'il doit y avoir des dresseurs qui se baladent également avec des lynx, mais quand même : le pays est en guerre, il n'y a personne pour prendre à part Alexian et ses compagnons et leur poser quelques questions. Voilà qui aurait fait en plus une bonne scène de suspens : "nos héros sont soupçonnés, comment vont-ils s'en sortir"? Une fois sur le bateau Alexian prendra la barre, expliquant qu'il a "navigué cinq mois sur la mer Glaciaire. Il venait de révéler ses origines."
Ok, pause! Alexian vient de révéler au capitaine d'un vaisseau de guerre rempli de guerriers armés jusqu'aux dents, rempli de cannons, qu'il est d'origine de Rouge-Terre?...Suis-le seul à me dire qu'il est totalement illogique qu'Alexian ne se retrouve pas ensuite aux fers, dans la cale, histoire qu'il réponde à quelques questions concernant sa présence en Heldérion? Pourquoi tout le monde s'en cogne qu'il soit de Rouge-Terre? Parce que soit les gars de ce navire sont franchement idiots, soit il est quand même courant de voir quelques Rouge-Terriens vivre à présent en Heldérion, qu'est ce qui empêcherait certains d'émigrer? Problème : s'il certains Rouge-Terriens sont parti vivre en Heldérion, et peut-être même à présent soutiennent le régime de l'Astrascan, on n'en sait strictement rien! Aux dernières nouvelles, Alexian est le seul, et c'est un espion.
- Les oraisonniers ont-ils un moyen de ralentir la décomposition des corps? Si ce n'est pas le cas, je trouve que Noony supporte très bien la vue du cadavre de sa sœur, morte depuis au moins 5 jours...Ok, ce n'est pas une grosse incohérence, mais ça m'a fait tilter sur le coup!
Voilà pour les incohérences. Je laisse certains trucs de côté (l'utilité d'un point de vu narratif du Jeu des 4 Vents, les agissements du Maître (qui un coup aide Gide Manérian, un coup laisse sa fille quitter sa pension), car à mon avis il y bon nombreux de révélations qui attendent sagement d'exploser au grand jour dans le prochain livre!
- Viens enfin le plus gênant. Le truc qui fait que je ne me suis pratiquement jamais intéressé aux péripéties des personnages principaux, à leur vie, à leurs inquiétudes, à rien du tout. Le fait que je n'ai pas pu me concentrer plus de 15 minutes d'affilées à chaque fois que je lisais le livre, sauf en de rares moments (donc attention! Vu comment j'ai lu le livre, il se peut que j'ai zappé certains trucs par manque de vigilance!). La raison pour laquelle des fois je me retrouvais paumé entre les chuchoteuse, leur création, la raison de leur création, et quelques autres détails. La raison pour laquelle je trouve que plusieurs passages, aussi intéressants soient-ils à la base, tombent totalement à plat. La raison pour laquelle le livre a finit par m'ennuyer et que, même si je l'ai préféré aux deux tomes de la saga du
Sablier, d'un point du vue technique il ne fait pas vraiment pro, contrairement à la plume de Luciole qui donne l'impression d'être un travail fini.
Et là ça vient clairement de moi. Car je sais que ce que je m'apprête à critiquer de long en large est quelque chose que plusieurs lecteurs ont en fait aimé!
Il s'agit du style.
Pas du style des phrases, en général bien tournées, bien construites, pas lourdes, et sans s'amuser à caser un mot de vocabulaire compliqué par ligne, m'obligeant à sortir du livre pour ouvrir un dico! Non, je parle du style de l'œuvre en général, de la construction de paragraphes entiers, de dialogues, de passages de l'histoire!
Ça se déroule vite.
Trop vite même.
Beaucoup trop vite pour moi en tout cas, je n'accroche absolument pas, c'est à peine si les personnages respirent (mentalement) entre deux lignes de dialogues.
Certes, je lis trop de Stephen King (vous savez, le bonhomme adore s'étendre, tout le contraire...Et moi j'aime ça), mais quand même.
Je ne reviendrais pas sur qu'avait dit Blackie au sujet d'Aileen : jeune fille sage, rebelle, guerrière-veilleuse, nécromancienne, prostituée...Je crois que tout le monde a compris.
Je parle de tout le reste, et là je ne sais pas comment expliquer cela, ni par où commencer.
Je n'ai pas eu l'impression que l'histoire se posait pour souffler un bon coup, pour faire vivre ses personnages et ses dialogues. J'avais l'impression d'avoir affaire à un checklist géant, un bouquin où il fallait caser le plus de choses possibles, sans avoir pour les développer, en se disant que la simple présence de ces choses serait suffisante. Non, et du coup ça m'embête beaucoup.
Le mieux serait pour moi de donner divers exemples. Et à titre d'exemple, j'avais trouvé les passages où Aileen et Noony apprennent la mort de leur sœur tout juste corrects, alors que finalement ils font parti des meilleurs de tout le livre...
L'arrivée de Aileen pour l'oraison de Mylianne. Voilà qui aurait pu permettre d'avoir de beaux passages traitant sur la mort vue par les deux soeurs. Des discussions où elles évoqueraient les souvenirs de leur enfance, leur futur incertain, la colère et vengeance d'Aileen, la déclaration de guerre. On a quand même deux soeurs en deuils qui vont se séparer et qui ne se reverront pas, et effectivement elles ne seront plus ensembles durant tout le reste du livre. J'aurais aimé les voir pleurer ensembles, les voir se dire "prends soin de toi petite soeur, tu es la dernière qui me reste", ou quelques autres choses dans ce genre. Pas forcément à travers de longs dialogues (même si j'estime que cela aurait été le mieux), mais au travers de paragraphes expliquant tout ce qu'Aileen et Noony vont partager pendant ces quelques jours où elles sont ensembles.
Il n'en sera rien, et la seule véritable conversation que les sœurs vont avoir est la suivante :
- J'aurais tant aimé que nous nous retrouvions comme l'année dernière, toutes les trois, lâcha-t-elle.
- Moi aussi.
Et c'est
TOUT!!! 5 pages plus tard Aileen repart!
Et chacune des deux, tout du long de sa quête, ne pensera pas un seul instant à son autre soeur ou à peine, se demandant ce qu'elle peut bien devenir, se demandant si elle la reverra un jour. Vu les évènements qui se produisent, à aucun moment l'une ne va penser (peut-être en pleurant) "qu'est ce que ma soeur aurait fait à ma place? J'aimerais tant qu'elle soit avec moi". Ok, c'est un cliché, mais au moins le cliché il marche un peu et c'est toujours mieux que rien.
Comment suis-je supposé m'attacher à de tels personnages, qui semblent plutôt se comporter comme des automates effectuant une série de tâches (Aller chercher Ailleen et la serrer contre moi : check. Faire l'oraison de Mylianne : check. Quitter ma soeur : check.), mais semblant dénués d'émotions. Et bien simple, je ne leur en accorde aucune, d'émotion.
Idem en ce qui concerne les retrouvailles entre Alexian et sa famille, que ses retrouvailles soient bonnes ou mauvaises, qu'il soit content ou pas de revenir : là son retour ne m'a fait aucun effet, et ses parents sont censés être légèrement sous le choc! Leurs fils, dont ils n'avaient plus de nouvelles depuis plus de 5 ans, vient tout juste de revenir.
Et des exemples dans ce genre, où on se doit de ressentir un minimum d'émotion et où on a rien, je peux en trouver des tas.
Lorion, très présent au début du roman, ferait de la figuration passé le moment où on découvre qu'il s'agit d'un Lynx, lui qui aurait pu être la source de dialogues très intéressants avec Alexian au sujet de Noony, de l'oraison, de la guerre. Finalement tout sera effleuré.
Noony découvrant qu'Alexian vient de Rouge-Terre. On aura qu'une petite scène/dialogue de comique (involontaire?) :
- Ah! Tu as les cheveux rouges! Tu es un impie! Monsieur l'impie!
- Oh! Ça va, madame l'oraisonnière!
et puis voilà. Deux pages plus tard Noony s'engueule avec Alexian, une page après elle se fait capturer par Aryador, deux paragraphes plus tard Aryador est arrêté et Noony sauvé, et la voilà qui parle avec Alexian pour en savoir plus à propos de ses coutumes et de ses religions. A nouveau tout le matériel de base est là : la découverte de l'autre, le questionnement sur ses propres croyances, l'impression qu'on s'est fait mener en bateau...Mais rien n'est suffisamment approfondi à mon gout, et c'est là que j'ai l'impression de lire un roman pour adulte mais vraiment écrit pour les jeunes, car je vois les défauts de l'auteur débutant qui a du mal à utiliser des thèmes intéressants et où finalement tout est arrangé en 5 minutes.
Gide Manérian? Il fait de la figuration durant les premières pages, à peine impose t-il une présence de paternel (bon ou mauvais), alors quand on m'annonce qu'il est mauvais, franchement, je n'en ai rien à faire. La petite vielle Camilla, qui n'apparait que dans une seule scène avant la fin du livre, a plus de présence : c'est dire!
L'arrivée à Rouge-Terre, depuis le bateau. Je ne sais pas, on aurait pu avoir un passage intéressant là : l'arrivée sur des terres inconnues (après tout, bon nombre de soldats se rendent peut-être pour la première fois de leur vie sur Rouge-Terre), le retour chez soit pour Alexian (depuis combien d'années n'a t-il pas mis les pieds sur Rouge-Terre? Lui et Lorion devraient ressentir quelque chose, non? Même si Alexian ne semble pas énormément aimer sa terre natale : il s'appelle toujours Alexian et non Vic-Lorion dans les chapitres où il est le narrateur omniscient), Noony découvrant pour la première fois les Terres Impies. Rien de tout cela : à la fin d'un chapitre on annonce qu'on arrive, au début de l'autre on a déjà débarqué.
L'Astracan? Il apparait quelques fois, ne fais jamais peur, n'est jamais charismatique.
Glen annonçant la vérité au sujet de lui et Mylianne à Aileen, idem, tout est zappé dans un court dialogue. Je suis certain qu'avec le même nombre de signes on aurait pu expliquer comment, durant de longues minutes, Glen a expliqué à Aileen comment le maître l'a utilisé, lui a demandé d'infiltrer les clans, comment il aimait Mylianne, etc, etc. Et en parallèle expliquer comment peu à peu la colère d'Aileen s'est appaisée pour laisser place à la tristesse. On peu très bien mettre de l'émotion et donner l'impression que les choses se déroulent lentement sans pour autant pondre trois pages de plus, je le sais car Sam tu y es arrivé certaines fois. Je pense à la scène entre Aileen et Orius où celle-ci désire coucher avec lui, je dirais que les choses arrivent un peu vite (après tout ils se connaissent à peine), mais là pour le coup j'ai joué le jeu. Et puis il faut dire qu'Orius était un des personnages que j'aimais, d'ailleurs le voir remettre Aileen sur le droit chemin en lui faisant quelques leçons de morale sur la vengeance était très bien, surtout venant d'un veilleur en lutter perpétuelle avec les clans (donc plus propice, en théorie, à les détester).
Bref, vous m'avez compris, quand presque toutes les scènes sont présentées ainsi, pas étonnant que l'introduction de Laï-Mune en une page soit totalement loupée. Un personnage clef, important, intéressant, pouvant sauver le monde en divisant carrément le monde en deux (soit en faisant apparaître une immense barrière végétale, soit en créant une fissure à même le sol, le doute persiste un peu quand on la découvre), on ne le présente pas comme ça. Pas en donnant l'impression qu'on le fait sortir d'un chapeau en claquant les doigts pour qu'elle nous annonce en deux minutes "kikoo-loool! Moi c'est Laï-Mune et je suis trop la classe! J'ai un méga-pouvoir-de-la-mort-qui-tue qui va te diviser le monde en deux, ouais carrément! Même que ça s'appelle la Plaie Fleurie et que ça va être la scène d'effets spéciaux finale du film! Trop cool!", car c'est exactement l'impression que ça m'a donné. Bien entendu cette scène aura lieu durant une bataille et la destruction d'un village dont l'impact émotionnel sera...Pratiquement inexistant.
Et je pourrais continuer longtemps, mais je vais m'arrêter là, je crois que je tape durant des heures, mais ça prouve la déception. C'est dommage, dommage, très dommage.
Et j'ignore si ce problème de style est la raison pour laquelle je n'ai pas très bien compris certaines choses, mais je crois qu'il aurait fallu réexpliquer quelques trucs au sujet des chuchoteuses, des expériences de l'Astracan un peu plus : tous les lecteurs ne sont pas forcément intelligents!
De même, il aurait fallu en expliquer d'avantage sur le rôle des oraisonniers. Sur le papier l'idée est quand même excellente, dans la pratique ce qu'ils font n'a rien de bien compliqué. Faire un petit exposé sur la vie d'un disparu avant de lui enfoncer une espèce de pieu dans le cœur, dit comme ça c'est à la portée de n'importe qui. Il aurait mieux valu expliquer durant quelques lignes que tout ce processus nécessitait de puis dans les propres réserves d'énergies magiques des oraisonniers, réserves que tout le monde n'a pas.
Bref, voilà vraiment le gros point noir de ce livre, et je le répète : pour le coup ça vient vraiment des mes goûts en matière de style, et de ce que j'attends d'un point de vue émotionnel quand je lis un livre. Moi j'aurais fait les choses différemment, pas certains. Certains n'ont pas besoin d'avoir un style qui prend son temps (certains détestent même cela
). Si moi je n'ai absolument pas accroché, il y en a qui ont vraiment aimé le style fluide de ce livre.
Bon, et du coup, avant que je ne passe pour un méchant aigri je tiens à signaler ce que j'avais dit à Sam : elle passe juste après deux énormes mastodontes que sont
Les Perles et surtout
L'Orbiviate, et pour le coup c'est limite vouloir aller au casse-pipe avec un bouquin écrit quand on était jeune (17 ans) : c'est très courageux!
Bon, je me dis que certains ont aimé, et si Sam parvient à se faire un bon petit fan-club c'est le principal!
Moi je décline poliment l'invitation.