Pourquoi ne pas renoncer ?

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eLiz
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Pourquoi ne pas renoncer ?

Messagepar eLiz » 09 Août 2007, 22:25

J'espère ne pas me tromper en lançant ce sujet... Je n'ai pas l'impression qu'il ait été abordé en ces termes.

Pourquoi ne pas renoncer ?
Voici la question qui me taraude en cette minute nocturne.

J'entends par là : pourquoi ne pas s'arrêter d'écrire ?

Attendez, ne partez pas, ne fuyez pas si vite. Ne criez pas au loup. Essayez de comprendre mon raisonnement.

- il y a déjà énormément de livres merveilleux à lire, à découvrir. Pourquoi détourner l'attention de tous ces braves lecteurs que vous espérez draguer avec vos textes de ces oeuvres superbes qui vous sont, parfois/souvent, selon les cas, en tous points supérieures, qui diront mieux que vous ce que vous essayez vaillamment d'exprimer ?

- vous prenez du plaisir à écrire... plaisir purement égoïste alors ? Tout ce temps que vous passez à vous vautrer en vous-mêmes, sans profiter du temps qui vous est donné avec vos proches, toutes ces heures dépensées pour... pour quelque chose qui n'aboutira pas forcément, qui débouchera sur du rien, souvent, qui pourra même mettre en péril vos relations sociales... Est-ce que cela vaut le coup ? Un plaisir si rarement partagé vaut-il la peine d'être poussé jusqu'à l'obsession ? Par ailleurs, n'avez-vous pas l'impression de prendre la fuite ? S'échapper de la réalité, ne pas affronter ses problèmes et croire les résoudre en se créant des illusions, est-ce vraiment une solution ? Ne croyez-vous pas échapper à l'essentiel de l'existence en vous dévouant autant, corps et âme, à l'écriture ? Ne pensez vous pas que ce temps d'écriture pourrait être utilisé autrement ?

- vous pensez vouloir partager votre imaginaire avec autrui ; pensez-vous que votre imaginaire apportera quoi que ce soit à autrui ? Auriez-vous cette prétention-là ? D'être suffisamment riche, intense, et talentueux pour détourner autrui de ses préoccupations principales, et vraiment lui apporter quelque chose ? Lui apporter quelque chose de plus que des millénaires de littérature et des milliards de livres existants ? Croyez-vous vraiment pouvoir vous montrer suffisamment original ET palpitant ET doué pour captiver, pour ouvrir une nouvelle brèche dans le monde des livres ? Par ailleurs, ne pensez-vous pas que vous avez juste envie d'exister, d'attirer l'attention sur vous, sur ce que vous êtes, simplement, en écrivant et en souhaitant diffuser vos écrits ? Ne pensez-vous pas que vous pourriez exister autrement ?

Voilà. :P
Sachez que je pose ces questions très sincèrement, sans animosité. Il est bien possible que toutes ne soient pas forcément bonnes, mais enfin je les pose, et après... bon voilà quoi. :toothy2:
"When she wants something done, she does it straight away. She is very aggressive and totally disrespectful, but can be a good friend."

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Oliv
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Messagepar Oliv » 09 Août 2007, 22:47

Il y a de cela quelques mois, je pensais avoir réussi à renoncer pour de bon. Vu que je n'ai pas la prétention d'écrire pour les autres - le coup du "je veux partager mes rêves", très peu pour moi, merci; mes rêves je les garde, et puis quoi encore? - et qu'à ce moment précis je ne ressentais plus le besoin d'écrire, j'ai arrêté. Comme ça, d'un coup. Parce que mon plaisir égoïste ne m'en donnait plus, de plaisir.

Et puis ça a duré, quoi, quatre mois, cinq mois? Ensuite j'ai repris, en augmentant les doses, histoire de rattraper le temps perdu. Parce que je suis accro, je l'avoue. Même quand je prétends ne pas écrire, je continue à le faire dans ma tête, en attendant de pouvoir le mettre sur du papier.

Ouais, je suis un junkie. J'aimerais parfois arrêter pour faire autre chose, mais je ne peux pas. Je ne suis pas le seul dans ce cas, si?

D'ailleurs ceci sera vraisemblablement mon dernier post avant une longue période sans le Net, tout seul dans un endroit inconnu, sans rien d'autre à faire qu'écrire. Autant dire que ce n'est pas encore maintenant que je vais décrocher.
Dernière édition par Oliv le 09 Août 2007, 22:49, édité 1 fois.
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Si vous me cherchez, je ne suis plus ici.

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Re: Pourquoi ne pas renoncer ?

Messagepar Jean-claude Dunyach » 09 Août 2007, 22:48

eLiz a écrit :Pourquoi ne pas renoncer ?


Personnellement, j'ai essayé. A deux reprises, dans ma vie.
Je n'ai pas pu...
La deuxième fois, c'était suite à un burn out, où j'ai vraiment arrêté d'écrire deurant trois ans, ou presque. j'en étais incapable. Je me suis dit "je suis guéri".
Ben non.
C'est plus qu'une drogue, ça relève de la fonction vitale. Ca n'a rien à voir avec le fait d'être publié ou non, c'est juste que j'avais envie d'écrire. De me vautrer dans mon truc. De conter. De partager. De dire.

Toutes les raisons d'arrêter que tu as citées sont excellentes et je suis d'accord avec elles. Mais, à mon niveau, je suis incapable de les appliquer.

Je vous poutoune,
Je compte pour un. Comme chacun de vous.
http://perso.orange.fr/Jean-Claude.Dunyach/Accueil.html

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Lau
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Messagepar Lau » 09 Août 2007, 22:56

Ce n'est pas seulement qu'on ne veut pas, en somme. On ne peut pas. C'est viscéral, moi ça me tient aux tripes.
Les prix littéraires, c'est comme les hémorroïdes. Tous les trous du cul finnissent par en avoir un jour.

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Roland Vartogue
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Messagepar Roland Vartogue » 09 Août 2007, 23:08

Et puis, même si ça parait un peu dingue de dire ça, on a aussi des responsabilités vis à vis des personnages que l'on a créés.

Eux, s'ils veulent vivre et s'épanouir, ils ont pas d'alternative. Ils ont besoin de toi : l'auteur. Les laisser en plan et refuser de raconter la fin de leurs aventures, ça me donnerait l'impression de me comporter de façon extrêmement grossière, comme si je coupais les ponts avec des amis très proches.

Alors, tu vas me répondre qu'il n'y a qu'à arrêter l'écriture entre deux livres (ou entre deux sagas, pour les plus ambitieux) de façon à ne plus rien devoir à ses personnages. Mais voila le hic...
Les personnages, on peut en créer à tout moment, sans même l'avoir prémédité. Il suffit d'une idée qui te trotte dans la tête et voila que tu as une personnalité qui se forme et qui demande à être décrite sur le papier.
Et le cycle reprend... tant qu'on a encore la force de taper sur un clavier ou de tenir un stylo.

Effectivement tout ça tient davantage d'une façon d'être que d'une envie d'écrire.
C'est là que j'ai rencontré mon seigneur et maître. Ce n'était pas par hasard, comme ce n'est pas par hasard si je suis le conteur de cette histoire.

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Beorn
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Messagepar Beorn » 09 Août 2007, 23:37

Tes questions me touchent beaucoup, eLiz. Parler de ce genre de chose n'a aucun sens avec non-auteur. En les lisant, je me dis "bon sang, qu'est-ce que j'ai bien fait de m'inscrire sur un forum de mordus comme moi".
Je me les pose souvent et tu ne peux pas savoir comme je suis heureux de les trouver toutes formulées sous la plume de quelqu'un d'autre, comme une preuve que je ne suis ni fou, ni seul.

Voilà ce que je me réponds d'habitude, en gros :

En fait, écrire, c'est bien plus que se mettre à son clavier. C'est fouiner, regarder, écouter, c'est lire, c'est discuter... Le fait que j'écrive des romans donne une couleur différente à chacun de mes gestes. Attention, je ne dis pas que je ne pense qu'à ça, mais c'est toujours là, dans un petit coin de ma tête, prêt à ressurgir. Tiens, elle est jolie, cette maison abandonnée. Tiens, le facteur a dérapé dans la côte avec sa petite kangoo ? Et hop, je classe, je mémorise, on ne sait jamais. Ou je fais "tilt" sur une nouvelle idée de roman.

Arrêter d'écrire ? En fait, il ne s'agirait pas d'arrêter quoi que ce soit, mais d'inventer une nouvelle vie. Moi, j'écris depuis l'âge de 7 ans, écrire, c'est ma vie normale.

Maintenant, sur le point de savoir si je peux apporter au monde des choses nouvelles alors que des millions de romans ont déjà été écrits... eh bien, oui.
C'est prétentieux ? Bof, j'assume.
En fait, je pense que la plupart des gens ont quelque chose à apporter. Une chose modeste, certes, mais bien à eux.

Et sur le point de savoir s'il vaut mieux vivre ou écrire, alors là, je crois qu'on peut faire les deux, non ? La plupart des gens ont des marottes, que ce soit le bricolage dans la salle de bain, les timbres ou le golf... alors pourquoi pas écrire ? Finalement, ce n'est pas plus égoïste qu'autre chose.
En fait, c'est même un peu plus compatible avec une vie normale que mettons, une passion pour les bijoux précieux ou pour la chasse au rorqual...

Ah, et puis une dernière chose : tout le monde naît avec des dons. Ne pas utiliser un don, même modeste, c'est un péché pour soi-même et pour les autres.
Dernière édition par Beorn le 09 Août 2007, 23:45, édité 2 fois.
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Beorn
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Messagepar Beorn » 09 Août 2007, 23:41

Merci pour tes questions, et si ce post représente chez toi un coup de vague à l'âme, alors courage, et hop, v'là un câlin :love3:
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Samy NC
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Messagepar Samy NC » 09 Août 2007, 23:42

L'humanité repose sur le renouvèlement et, quand elle fait bien son boulot, sur l'évolution. Mais les générations meurent et sont remplacées par d'autres, aléatoires, différentes, ni meilleures ni pires selon les critères de sélection.

Tolkien ne s'est jamais posé la question de savoir si son oeuvre aller détourner l'attention de celle d'Homere. Et peu importe, je préfère avoir le choix entre 2 oeuvres, puis 3, puis 4, puis n et n+1 etc ... même si je risque de passer à coté d'oeuvres meilleures, qu'importe, je ne cherche pas la perfection.

Et puis, même dans la médiocrité, créer c'est exister.
Je suis pas d'accord avec votre notion d'égoïsme, qui est un terme trop péjoratif. L'humain est social, mais l'humain a besoin de sa part d'obscurité, de sa part de solitude et dans ces moments là quoi de mieux que se retrouver face à ce que l'on crée, soi-même. Certains écrivent, d'autres peignent, d'autres chantent, d'autres jouent, d'autres font du sport, y en a même qui font tout ça.

- à quoi sert de cuisiner, d'autres font la bouffe mieux que toi ? = le plaisir de faire à manger est-il aussi égoïste ?

Pour moi, l'équation est simple. Je veux être heureux, et être content d'être heureux, et écrire contribue à ça. Et comme écrire ne nuit pas à mon entourage et ne provoque pas de cancer des poumons, je ne me considère pas comme égoïste.

Ne te remets pas en question à cause d'autres oeuvres, aussi excellentes soient-elles, elles n'ont pas ton âme.
Ceci n'est pas une signature !

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adu
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Re: Pourquoi ne pas renoncer ?

Messagepar adu » 09 Août 2007, 23:51

eLiz a écrit :- il y a déjà énormément de livres merveilleux à lire, à découvrir. Pourquoi détourner l'attention de tous ces braves lecteurs que vous espérez draguer avec vos textes de ces oeuvres superbes qui vous sont, parfois/souvent, selon les cas, en tous points supérieures, qui diront mieux que vous ce que vous essayez vaillamment d'exprimer ?


Oula vu les quantités de merde qui sortent ces derniers temps, c'est plutôt facile de faire mieux et dur de faire moins bien.

eLiz a écrit :- vous prenez du plaisir à écrire... plaisir purement égoïste alors ? Tout ce temps que vous passez à vous vautrer en vous-mêmes, sans profiter du temps qui vous est donné avec vos proches, toutes ces heures dépensées pour... pour quelque chose qui n'aboutira pas forcément, qui débouchera sur du rien, souvent, qui pourra même mettre en péril vos relations sociales... Est-ce que cela vaut le coup ? Un plaisir si rarement partagé vaut-il la peine d'être poussé jusqu'à l'obsession ? Par ailleurs, n'avez-vous pas l'impression de prendre la fuite ? S'échapper de la réalité, ne pas affronter ses problèmes et croire les résoudre en se créant des illusions, est-ce vraiment une solution ? Ne croyez-vous pas échapper à l'essentiel de l'existence en vous dévouant autant, corps et âme, à l'écriture ? Ne pensez vous pas que ce temps d'écriture pourrait être utilisé autrement ?


J'aime pas les gens, ils sont chiants, ils sentent mauvais, ils se mettent toujours devant quand je marche dans la rue, ils causent fort au cinéma, téléphonent au cinéma. Ils font preuve d'une bassesse et d'une vilennie sans borne. Ils sont en général très con et plus de la moitié du pays n'a pas voté comme moi.

eLiz a écrit :- vous pensez vouloir partager votre imaginaire avec autrui ; pensez-vous que votre imaginaire apportera quoi que ce soit à autrui ? Auriez-vous cette prétention-là ? D'être suffisamment riche, intense, et talentueux pour détourner autrui de ses préoccupations principales, et vraiment lui apporter quelque chose ? Lui apporter quelque chose de plus que des millénaires de littérature et des milliards de livres existants ? Croyez-vous vraiment pouvoir vous montrer suffisamment original ET palpitant ET doué pour captiver, pour ouvrir une nouvelle brèche dans le monde des livres ?


Oui.

eLiz a écrit :Par ailleurs, ne pensez-vous pas que vous avez juste envie d'exister, d'attirer l'attention sur vous, sur ce que vous êtes, simplement, en écrivant et en souhaitant diffuser vos écrits ?


Oui

eLiz a écrit :Ne pensez-vous pas que vous pourriez exister autrement ?


Non. Je n'ai pas envie de faire du sport débile comme courir après une baballe pour être reconnu, je n'aime pas les gosses, même chose que plus haut pour les gens, mais en modéle miniature.

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Nynaeve
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Messagepar Nynaeve » 09 Août 2007, 23:53

Ces questions, je me les pose aussi. Surtout en ce moment, parce qu'après une longue période sans avoir eu de temps pour écrire, je me suis soudain retrouvée avec trop de temps. Et là, gros bug, je n'ai quasiment pas réussi à écrire. scratch

Du coup, les questions : est-ce que je devrais vraiment arrêter ? Si tu n'écris pas, c'est parce que tu préfères faire autre chose, que tu as la fleime. Et si tu as la fleime, c'est que tu ne le considères plus comme un plaisir, mais plutôt comme une contrainte... scratch

Bref, je me suis pas mal interrogée. Mais, même en étant dans cette période de "flou", je n'arrive pas à concevoir un seul instant ma vie sans l'écriture. Je ne sais pas... Dire tout d'un coup : "je n'écrirai plus, c'est fini"... je crois que cela viderait une part du sens de ma vie. J'en fais trop ? Peut-être. Mais remarquez bien que je dis "une part", pas TOUT le sens de ma vie (car j'en ai bien d'autres ! :lol: ).

Je crois, comme les autres, que l'écriture est quelque chose de viscéral. J'y suis tellement attachée que je ne pourrais pas m'en séparer, même si je me doute qu'un jour ma vie professionnelle m'amènera à ne plus pouvoir écrire pendant des mois, voire (gloups :pale: ) des années. C'est un peu comme l'air qu'on respire, je ne pourrais tout simplement pas vivre sans (j'ai remarqué que c'était une métaphore que beaucoup d'écrivains amateurs employaient ici).

Alors... Renoncer ? Niet ! Et je fais des efforts en ce moment même pour que le mot ne me vienne plus jamais à l'esprit ! :lol:

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Neeva
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Messagepar Neeva » 10 Août 2007, 01:25

Renoncer ? Jamais ! Arrêter pendant quelques temps, oui, car je n'ai pas toujours le temps, l'envie, l'inspiration... et puis les pauses, ça permet de revenir meilleur après :wink:
Comme beaucoup, écrire est un besoin, une envie irrépressible, quelque chose de fondamental sans quoi une journée, une semaine, un mois me semble inachevé ou pas réussi si je n'ai pas écrit quelques lignes.
Bien sûr, il y a des tas de bouquins qui sont cent fois meilleurs que les miens, à commencer par ceux qui m'ont donner l'envie d'écrire. Je n'arriverai jamais à leur chevilles, et alors ? On dit aussi que tout a déjà été dit, alors à quoi bon écrire ?
Parce que si tout a déjà été dit et souvent en mieux, rien ne l'a été par moi. A ma façon.
Je ne pense pas détourner les lecteurs d'oeuvres bien meilleures que les miennes. Le lecteur a le choix de lire ou pas, d'arrêter si ça ne lui plait pas et de passer à autre chose.
Je ne pense pas non plus être égoiste quand j'écris, ni passer à côtés de choses plus essentielles. C'est une passion comme une autre. Ecrire est un acte solitaire, certes, mais donner ses écrits aux lecteurs est un acte qui n'a rien d'égoiste. Et même si le fruit de ce partage ne vaut parfois pas le coup d'être lu... il existe quand même...
Car oui, c'est vrai que parfois, des histoires sont ratées et que d'autres ne seront jamais publiées. Mais elles valaient quand même la peine d'être écrites, ne fut-ce que pour faire progresser l'auteur.
L'écriture est une passion et certains sont plus doués que d'autres. Et comme le dit Beorn, ceux qui ont vraiment ce don se doivent de l'utiliser, de le travailler. Sinon, c'est du gachis.
Ecrire c'est une façon d'exister, de s'accomplir, alors pourquoi s'en priver ?

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Yzabel
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Messagepar Yzabel » 10 Août 2007, 07:46

Mouais, toutes les fois où j'ai ouvertement dit "je renonce, j'arrête, j'en ai marre", ça n'a été que pour mieux reprendre deux semaines plus tard. Je crois donc que même en le voulant, je n'y arrive pas. :lol: Tôt ou tard, je finis par y revenir, parce que j'ai trop d'imagination, trop d'idées, trop d'histoires en tête, trop de choses à raconter -- et si pas par l'écriture, comment je les fais sortir, alors?

Pour être honnête, c'est peut-être une activité égoïste, mais la vérité, c'est que je m'en fiche royalement. Je m'en fiche si ça enlève du temps de famille. Du temps passé à quoi? Assis en silence sur le canapé pendant deux heures à regarder la télé, comme on le fait chez mes parents? Je m'en fiche si c'est moins "productif"que d'aller bosser -- je connais des gens qui ne savent faire que ça, qui ne sont pas mieux payés pour autant parce qu'ils sont cadres et que, ça de base, c'est avoir un doigt dans le c..., donc ok, en théorie c'est plus productif que l'écriture, mais, heu, merci, mais non. J'ai depuis longtemps aceepté que je SUIS égoïste, et je le vis à fond, comme ça au moins je suis heureuse, et pas la fille misérable qui donne tout aux autres pour à la fin n'être plus en accord avec elle-même (malheureusement, là je parle par expérience, alors prout les bons sentiments). J'ai envie d'écrire, à certains moments c'est même un besoin viscéral: il faut que ça sorte, point barre. Sinon, au bout d'un moment, ça n'ira plus. Certes, je pourrais nettoyer ma baignoire une deuxième fois à la place... Là j'aurais l'impression d'avoir encore plus perdu mon temps. :roll:

Je ne sais pas si ma prose changera un jour quoi que ce soit, apportera quelque chose de meilleur au monde de l'écriture, mais j'espère au moins qu'elle ne participera pas au nivellement par le bas généralisé (Eragon, sombre bouse, je te regarde de très près, là).

Attirer l'attention sur moi: peut-être pas sur moi, juste sur ce que j'écris. Je n'ai pas le désir de me taper une notoriété publique monstrueuse, mais oui, je n'ai pas honte de l'avouer, cf. l'autre fil sur pourquoi vouloir être publié: se brosser l'égo de temps en temps, ça fait du bien.

Quant à exister autrement: je pourrais sans doute... mais j'ai pas envie. :twisted:

lambertine
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Messagepar lambertine » 10 Août 2007, 08:46

Ces questions, je ne me les suis jamais posées. Pourquoi d'ailleurs ? Oui, Molière, Homère, Tolkien sont meilleurs que Dame Lamberte. Et alors ? Non seulement ils sont disponibles en librairie, mais si eux-mêmes s'étaient dit "machin a déjà écrit et je n'arriverai jamais à sa hauteur", leurs écrits n'existeraient pas.

Je prends du plaisir à écrire ? Oui, et alors ? C'est mal, le plaisir ? Egoïste ? Pas plus que fabriquer des colliers de perles (je fabrique aussi des colliers de perles :twisted: ) ou de faire du jogging. Se vautrer en soi-même ?Mais écrire n'est pas se vautrer en soi-même, ou en tout cas n'est pas que ça (oui, j'avoue, je me vautre en moi-même quand je repasse pour la vingtième fois mon prochain chapitre dans ma tête en attendant le bus ou le sommeil. Ils font quoi, les autres). Ce n'est pas se vautrer en soi-même que faire des recherches et pour ça, parfois, de rencontrer des gens.Mettre en péril mes relations sociales ? mais ça a ouvert la porte à de nouvelles relations sociales. Prendre la fuite ? Mais en quoi ? Notez, pour beaucoup de non-lecteurs, la lecture est elle-même considérée comme une fuite... Echapper à l'essentiel de l'existence ? Quel essentiel ? Mes enfants vont très bien, merci.

Et partager mon imaginaire oui. Oui, j'ai la prétention de dire qu'il mérite d'être partagé. Oui, j'ai la prétention de dire qu'il peut apporter quelque chose à certains. Je le dis parce qu'on me l'a affirmé, et que je n'ai aucune raison de mettre la parole de ces personnes en doute. Comme je n'ai aucune raison de culpabiliser parce que ces quelques joies, ces moments d'espoir ou d'émotion, elles les ont trouvés dans mes pauvres récits et pas dans les milliers d'oeuvres des précédents millénaires.

Quant à exister autrement, je l'ai fait pendant assez d'années pour dire que ce temps-là est révolu. Parti. Fini.

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Chiroptere
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Messagepar Chiroptere » 10 Août 2007, 09:28

Arrêter d'écrire ? Oui je pourrais le faire. Si ça me gène dans mon boulot je le ferais (je préfère faire passer mes études avant mes envies d'écrire, et même plus tard pour le taf s'il me plait vraiment).
Par contre arrêter d'inventer des histoires c'est hors de question. ça doit bien faire 15 ans que je m'invente des histoires rien que pour moi. Oui c'est égoïste, mais j'ai besoin de ça.
Si je me suis mise maintenant à les écrire c'est peut-être dans l'idée d'en partager certaine, mais je pense que c'est surtout parce qu'écrire demande une certaine rigueur narrative que l'on a pas forcément quand on laisse vagabonder son esprit. Ecrire c'est mètre au propre mes histoires, leur donner une sorte de corps, d'en faire un produit fini.

Et maintenant pourquoi est-ce que je n'arrête pas d'écrire ? Tout simplement pour finir ce que j'ai commencé (i.e. mon histoire). J'aime pas abandonner les buts que je me suis fixée, et là j'ai décidé que je terminerais ce texte. Après on verra ce que je ferai.
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Napalm Dave
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Messagepar Napalm Dave » 10 Août 2007, 10:41

Bof, franchement, la question pour moi serait plutôt "pourquoi renoncer"?
N'est-ce pas un aveu d'échec ou du moins le signe d'un certain malaise avec ses propres passions de dire que l'on va "arrêter" totalement une activité? Cela me fait penser à des gens de mon entourage qui ont "arrêté le jeu de rôle" pour telle ou telle raison professionnelle ou familliale mais qui ne se gèneraient pas y retourner quand même s'ils en avaient l'occasion.

En quoi l'arrêt d'une activité créative serait-elle plus profitable en quoi que ce soit ou sociabilisante? Pour l'exemple du jeu de rôle, c'est précisément une activité de groupe qui permet de passer du temps entre amis. Ceux que je connais pour avaoir "arrêté" se sont totalement repliés sur eux-mêmes ou sur leur couple (où ils ne portent généralement pas la culotte, or je ne conçois pas quelque tyrannie que ce soit dans un couple, des concessions oui, pas de domination de l'un ou l'autre).

Franchement, à 27 balais j'ai connu en tout trois ans de RMI et 1 an de contrat précaire, alors les problèmes de la vie, je les connais, pas besoin de me les rappeler.
J'ai justement trouvé en l'écriture une activité passionnante, quasiment sans coût et épanouissante, qui a en quelque sorte ranimée la bonne vieille magie de mon imaginaire. Alors les problèmes quotidiens, j'ai appris à les balancer dans les abîmes de mon indifférence pour me libérer de mes entraves. Je ne m'en porte que mieux et bizarrement, je suis bien plus épanoui socialement aussi.
et croyez moi, la perspective d'écrire de bons récits est bien plus exaltante que celle de devenir le meilleur vendeur de je ne sais quelle boîte ou le plus rapide à l'écriture de lettres de motivations! :lol:

Sous cette réponse un peu brutale je veux dire que "renoncer" totalement à l'écriture ou à quelque passion que ce soit, revient pour moi à abandonner une part de rêve et de ce qui fait que vous êtes ce que vous êtes. Inconcevable pour moi, l'idée même n'a pas de sens. Il peut y avoir des pauses dans mes activités créatives mais jamais de renoncement.

Xss
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Messagepar Xss » 10 Août 2007, 11:08

Ce n'est pas une nouveauté, mais je n'écris pratiquement plus, ou vraiment très très très peu. Le plus souvent par paresse.
Il n'empêche que je ne peux empêcher mon cerveau de fonctionner seul dans son coin, et de mettre ne place les différentes pièces qui formeront une histoire. Des histoires que je voudrais raconter d'une manière ou d'une autre, je commence à en avoir pas mal dans ma tête. Soit je me décide un jour à bosser pour tout écrire, soit je découvre un autre moyen de les montrer, soit elles mourront avec moi.
Je ne sais pas si c'est prétentieux que de penser que notre imaginaire pourrait apporter une nouvelle pierre à l'édifice, mais je me dis que je n'aimerais pas arriver à un age avancé de ma vie pour me dire que je n'aurais pas du garder toutes ces histoires pour moi (et il n'y a pas que ça : j'ai je ne sais combien de musiques et chansons qui n'attendent que moi pour me faire des amis musiciens, sinon elles ne sortiront probablement jamais), alors que j'avais eu l'occasion d'en faire quelque chose. Quoi? Je n'en suis pas sur, et je m'en fiche un peu. Mais si je laisse des textes, quelque chose, derrière-moi, et bien il est probable qu'ils seront toujours là le jour où moi je quitterais ce monde. Peut-être certains se souviendront plutôt de ce que j'ai fait plutôt que de qui j'étais. Il y a plusieurs façons de laisser sa "trace" dans l'histoire, celle-là en est une comme une autre. Vu comment je pense, dans mon cas ce ne serait pas de la prétention, mais de l'égoïsme. Mon cerveau s'amuse à créer diverses choses, que je le veuille ou non, et je me dis que je devrais prendre le taureau par les cornes et faire sortir toutes ces idées d'une façon ou d'une autre. Il est sans doute vrai que je partagerais ces créations avec d'autres personnes, mais je me rends compte que je le ferais principalement pour moi. Mettre de l'ordre et trier ce que notre cerveau produit, comme si on sortait divers dossiers de notre esprit pour les archiver soigneusement dans une vaste bibliothèque : eux au moins ils resteront là quand on ne sera plus là.
Ecrire ou ne pas écrire, créer ou ne pas créer, laisser les idées là elles sont ou non. Plus j'y pense plus je me demande si dans mon cas il ne s'agit pas de trouver un sens à la vie.
...
Quand je pars en live et je fais de la philosophie à deux balles, j'ai un p'tit coup de déprime, hm. :|

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eLiz
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Messagepar eLiz » 10 Août 2007, 11:13

Autant j'ai hésité, avant de mettre toutes ces questions en ligne, autant maintenant je trouve qu'il est beau, ce sujet ! ^^

Merci à tous pour vos réponses, elles sont toutes très chouettes.

Bienheureux ceux qui ne posent pas de questions !

Bienheureux ceux qui se les posent aussi !

Alors, comme ça, on est tous des drogués ? :lol: Quelque part, ça fait plaisir. Quelque part, seulement. Oui, si on était plus isolés que ça, on aurait le sentiment qu'on serait sûrs de faire quelque chose de bien, car la comparaison serait moins rapidement faite. :lol:

Oui, je sais bien, on peut pas toujours tout comparer m'enfin... Bref. :P

Non tant de sentiments louables et tant de passions exaltées, c'est bien, c'est bien !

Après, à mon avis, les grands auteurs ont pu passer par ces phases de doutes par rapport à leurs prédécesseurs... (Proust, pour ne citer que lui, notamment.) Les questions et les doutes n'empêchent pas forcément la création. Pas forcément.

Si je parle d'égoïsme, c'est bien parce qu'il me semble qu'une "drogue", même si elle peut être facteur de socialisation, effectivement - y'a qu'à voir les junkies entre eux :P - est quand même une donnée par essence restrictive - puisque dans la drogue, il y a l'addiction personnelle et particulière, difficilement partageable avec les autres.
Vous me direz : on peut se faire passer la drogue (les livres, les textes), mais encore faut-il que les autres admettent vouloir en prendre... Et puis, ce n'est pas la drogue mais l'addiction, qui est difficile à comprendre, et qui peut isoler du commun des mortels...

adu a écrit :J'aime pas les gens, ils sont chiants, ils sentent mauvais, ils se mettent toujours devant quand je marche dans la rue, ils causent fort au cinéma, téléphonent au cinéma. Ils font preuve d'une bassesse et d'une vilennie sans borne. Ils sont en général très con et plus de la moitié du pays n'a pas voté comme moi.


Et t'as quand même envie d'écrire pour eux ? :P

Beorn : merci à toi, petit toutou ! :heart:


Beaucoup de courage, beaucoup d'écriture, et beaucoup de lecture pour tout le monde ! ;)

Petit edit, pour Xss qui est passé derrière : trouver un sens à sa vie... oui, tout est là ou presque, toujours, tout le temps.
"When she wants something done, she does it straight away. She is very aggressive and totally disrespectful, but can be a good friend."

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adu
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Messagepar adu » 10 Août 2007, 12:20

eLiz a écrit :
adu a écrit :J'aime pas les gens, ils sont chiants, ils sentent mauvais, ils se mettent toujours devant quand je marche dans la rue, ils causent fort au cinéma, téléphonent au cinéma. Ils font preuve d'une bassesse et d'une vilennie sans borne. Ils sont en général très con et plus de la moitié du pays n'a pas voté comme moi.


Et t'as quand même envie d'écrire pour eux ? :P


Nuance. J'ai envie qu'ils claquent de l'argent dans mes livres pour satisfaire mon égo et qu'ils en fassent des critiques élogieuses pour satisfaire toujours plus mon égo. diablo

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Amalrus
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Messagepar Amalrus » 10 Août 2007, 12:22

J'avoue ne m'être pas encore posé la question, pas une fois. Même pas l'ombre d'une. J'écris pour le plaisir de raconter et si je peux être édité, yaouh !! Ce sera comme une caresse délicate sur mon égo.

En attendant profitons, jouissons, partageons. :cheers:
Dans les yeux des fées
Descendues sur la ville
Le vide

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Sombreloup
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Messagepar Sombreloup » 10 Août 2007, 12:42

Tu te poses trop de questions mon pote.
J'écris parce que j'ai envie d'écrire. Pourquoi ? Parce que ça me plaît. Pourquoi collectionner des timbres, faire de la plongée ou fabriquer des montages de fleurs ? Parce qu'on aime ça, faut pas toujours chercher plus loin.
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