Forum Mille Saisons

Je ne suis pas la seule ici à faire des études littéraires et à lire prioritairement de l'Imaginaire. Suis-je la seule que cela complexe et fait se sentir inférieure, inadaptée, inculte ?

Vous voyez de quoi je parle, la honte d'avouer ses goûts littéraires (et la nature de ses écrits, pasque bon, la fantasy ça ne peut pas compter vraiment comme de l'écriture ? si ? ), les balbutiements quand il faut avouer que non, on n'a pas lu tel roman de Balzac ou telle pièce de Racine, pourtant tellement passionnants, comment a-t-on pu passer à côté ?
"Ben j'étais trop occupée à dévorer le Seigneur des Anneaux, Dune et les annales du Disque-monde ?" - nan, pas moyen...

Le pire, c'est que je pense être à peu près ouverte à toutes les formes de littérature et que je ne me considère pas comme une inculte, j'ai quand même quelques références (je suis quasi incollable en littérature grecque et latine, pour ce que ça sert^^). Mais invariablement, dans mon entourage de Vrais Littéraires, je vais me sentir larguée, pas à ma place.
(Avec les camarades scientifiques de l'autre ENS trois rues plus loin, ça passe mieux, entre geeks on se comprend, mais pour une littéraire, ya pas, je ne suis pas normale)

(La pire dans l'affaire, c'est mon adorable petite colocataire. C'est une vraie passionnée, elle cite des scènes entières de Molière et du Shakespeare dans le texte, elle semble considérer que tout le monde est aussi fort qu'elle, et quand elle s'ennuie et qu'elle vient fouiller ma - lamentablement réduite - bibliothèque et ma dévédéthèque* à la recherche de quoi s'occuper, j'ai envie de mourir de honte)

*Parce qu'en plus je ne suis pas cinéphile non plus, honte suprême...

Là, ces temps-ci, j'essaie de faire une cure de Littérature, d'alterner entre classiques et romans de l'imaginaire, mais ya pas, la deuxième catégorie se débrouille toujours pour passer sur le devant de la file d'attente. J'aime lire des choses qui m'emmènent loin, qui me font rire et rêver, qui me font oublier le monde réel, et ça ne le fait pas. Donc je rame, et je complexe. J'ai tort ?

(Quand je dis à ma colocataire "j'ai pas de culture, désolée", elle répond "tu t'en fiches, t'es déjà agrégée". C'est moyennement consolant.)

J'aime bien ta colloc

Pour te rassurer, on se sent encore plus inculte sans études littéraires du tout

Ce sont les gens qui ne comprennent pas 42 les incultes.

la deuxième catégorie se débrouille toujours pour passer sur le devant de la file d'attente

Chassez le naturel, il revient au galop Ne t'inquiète pas trop de ta culture littéraire, tout le monde te parle de classiques absolument inévitables, mais bien peu les ont lus. L'important, c'est que tu ressentes le plaisir de la lecture

Sand a écrit :Ce sont les gens qui ne comprennent pas 42 les incultes.

oups.
(mais qu'y a-t-il dans le département de la Loire ?)

On est toujours l'inculte de quelqu'un, non ?

Pour mon beau-frère, moi qui ai vu à peine deux ou trois cents film d'avant 1950, je suis un inculte.
Pour mon beau-père, moi qui ai visité à peine trois Leroy Merlin dans ma vie, je suis un ignare.
Pour moi, vu qu'ils n'ont pas lu le seigneur des anneaux, ce sont de pauvres gens.

moi je complexe parceque j'ai un trop gros sexe...

Plus sérieusement. Moi aussi, j'ai le même complexe dans mon école (sciences po). Si j'ai le malheur de dire que je lis de l'heroic fantasy, je suis persuadée que je vais me faire lyncher par les profs (et les élèves). Mais c'est uniquement l'impression que j'ai... N'ayant rien dit, je ne sais pas vraiment ce qui se passerait.
J'ai bien une amie qui lit aussi de l'imaginaire (qui était dans ma classe l'an dernier), mais à part elle (et maintenant Orque Fou), j'ai l'impression de me sentir un peu seule.

Tiens, en parlant de l'Orque, il pourrait peut-être venir me rassurer. Il a l'air d'assumer ses lectures bien plus que je ne le fais !

qui te dit que je suis pas sérieux?

Personnellement, je ne nourris aucun complexe vis-à-vis de la catégorie de gens "cultivés" que décrit Anilori: c'est tout à fait le genre d'individus uniquement capables d'obtenir le camembert marron au Trivial Pursuit, et qui bloqueront toujours sur les questions portant sur le sport, la chanson ou le monde animal...

ça m'a plus l'air d'être une histoire de honte d'avouer que de coups réellement reçus
(sauf peut-être pour yogh)

(ouais, ça fait vachement avancer la chose étant donné que c'est une définition intuitive de "complexe" mais bon...)

Oliv a écrit :Personnellement, je ne nourris aucun complexe vis-à-vis de la catégorie de gens "cultivés" que décrit Anilori: c'est tout à fait le genre d'individus uniquement capables d'obtenir le camembert marron au Trivial Pursuit, et qui bloqueront toujours sur les questions portant sur le sport, la chanson ou le monde animal...

C'est quand pour le camenbert marron que tu as la question :
"Quelle langue parlent les Schtroumpfs ?"
Réponse :
"Le schtroumpf !"

Oliv a écrit :Personnellement, je ne nourris aucun complexe vis-à-vis de la catégorie de gens "cultivés"

peut-être pas un un complexe d'infériorité, non...

Anilori, je suis en droit, et je suis trop littéraire et j'aime trop les maths. Contrairement à certains, je ne lis pas le Monde tous les jours, je ne passe pas mon temps à lire des Constitutions... Pour ma part, je dessine, j'écris, je lis, j'étudie un peu les maths à côté. Mais je ne me sens pas inférieure à eux, je suis juste différente. Tout comme toi. Courage et prends confiance en toi

Perso, je suis de formation littéraire (et oui, même le Bac L!) et je lis exclusivement de l'imaginaire quand je ne suis pas obligé de lire autre chose.

Pourquoi? parce que personne ne peut tout faire, tout savoir, tout connaître et que, aussi riche soit-elle, la littérature classique n'incite pas forcément au divertissement.
La bonne question est plutôt de savoir ce que l'on appelle "culture", où commencent et où s'arrêtent les œuvres "cultivées".
Personnellement, je connais des gens de mon entourage qui "pensent" être cultivés en SF avec Werber et autres trucs casse couilles du même accabit, comme si la complication inutile rendait une œuvre savante.
Mouais, pour l'instant ta jeune colloc est en études et baignée dans ses classiques, tant mieux pour elle, elle bouffe son pain blanc. Quand viendra le temps où elle n'aura plus autant de temps à consacrer à la littérature classique, elle se repliera sur quelques références qu'elle aimera et qui ne lui prendront pas trop la tête.

Mon credo est plutôt d'être connaisseur dans son domaine de passion qu'être polyvalent c'est à dire nul partout: tant qu'à me passionner pour le fantastique sombre, je préfère commencer par connaître un maximum l'oeuvre de King, Brussolo et Masterton avant de me mettre à lire du nouveau roman pour "faire genre".
Malgré toute la valeur que je reconnais aux nouveaux romans, ça me fait profondément suer d'en lire, je le reconnais et je l'assume.

La culture est une notion subjective et personnelle, chacun se la bâtit.

Nynaeve a écrit ::lol:


Plus sérieusement. Moi aussi, j'ai le même complexe dans mon école (sciences po). Si j'ai le malheur de dire que je lis de l'heroic fantasy, je suis persuadée que je vais me faire lyncher par les profs (et les élèves). Mais c'est uniquement l'impression que j'ai... N'ayant rien dit, je ne sais pas vraiment ce qui se passerait.
J'ai bien une amie qui lit aussi de l'imaginaire (qui était dans ma classe l'an dernier), mais à part elle (et maintenant Orque Fou), j'ai l'impression de me sentir un peu seule.

Tiens, en parlant de l'Orque, il pourrait peut-être venir me rassurer. Il a l'air d'assumer ses lectures bien plus que je ne le fais !

Oh ben je ne m'en cache pas. J'en lis en amphi en attendant le début du cours... J'en parle souvent, mes camarades de conf le savent, enfin je ne suis pas complexé. Pire encore, je me sers de mes lectures en exposé ou en dissert... ( ben ya des classiques de la sf qui peuvent faire de bons exemples quand même). Et faut voir le bon côté des choses, quand e culture G on te demande un exposé sur l'utopie, t'as un énorme avantage. ( sauf qu'en fait j'ai pris celui sur le féminisme...mais catherine dufour est une féministe, ça finit toujours par rejoindre la sf)

En fait, quand on a affaire à des gens de culture classique, il vaut mieux peut-être mieux parler de "littérature fantastique", ça passe mieux.
"Littérature fantasy" ou "littérature SF", ce sont des mots qui coincent encore.

Le fantastique est mieux accepté, peut-être parce que des gens "sérieux" en ont écrit (Maupassant, Henry James, ou Roal Dahl en jeunesse) ou peut-être parce que les grands classiques du cinéma sont souvent des adaptations de romans fantastiques (le Nosferatu de Murneau par ex).

Après ça, on peut commencer à prétendre que dans le vaste genre du fantastique, il y a le sous-genre des oeuvres de fantasy. Surtout ne jamais dire "heroic" fantasy.

Les puristes diront que la fantasy est un genre à part entière, mais si on tombe sur un puriste de fantasy de toute façon, le problème ne se pose pas.

Orque a écrit :Et faut voir le bon côté des choses, quand e culture G on te demande un exposé sur l'utopie, t'as un énorme avantage.

C'est vrai que la SF s'est taillée une vraie réputation dans les domaines de la science politique ou de la philosophie (1984, le meilleur des mondes, Farhenheit 451, ce genre de choses), mais pas chez les "littéraires" de la fac d'en face. (Bordeaux III en l'occurence pour Nyna...)

En tout cas, j'y pense, le cinéma est nettement moins méprisant pour les oeuvres de "genre".

Un vrai cinéphile se fiche complètement du genre : il y a des tas films de SF, de westerns ou de polars qui sont devenus de très grands classiques.
Enfin, pour la fantasy, ce n'est pas peut-être pas encore ça, quand même.

orque fou a écrit :Et faut voir le bon côté des choses, quand e culture G on te demande un exposé sur l'utopie, t'as un énorme avantage.

Ben oui... Dans le même genre, mon mémoire de M1 était sur Lucien, l'inventeur de la fantasy (lisez les [Histoires Vraies[/i] !), et cette année je m'occupe du traitement des mythes chez Aristophane, encore un qui n'avait pas peur du merveilleux et du loufoque (lisez les Oiseaux ! )

Monomaniaque moi ?

...Nynaeve, je comprends tout à fait ce que tu éprouves, je savais bien que je ne devais pas être la seule dans ce cas (manifestement, les grandes écoles sont un milieu difficile pour les gens comme nous autres). Ca fait toujours plaisir

Et merci à Lune pour son gentil message

beorn a écrit :Après ça, on peut commencer à prétendre que dans le vaste genre du fantastique, il y a le sous-genre des oeuvres de fantasy. Surtout ne jamais dire "heroic" fantasy.

le mieux, c'est de dire médiéval-fantastique ou merveilleux.