[Compte d'auteur] Publication : s'informer et petite monnaie

[Samantha]

Petite anecdote, mon ami le "gentil dentiste" était tout fier de m'apprendre sur le siège de torture qu'une autre fille était publiée dans la région, il me tend l'article de journal racoleur "truc truc jeune fille de 15 ans, son manuscrit édité blabla". Je me dis "wah génial, c'est fou, si ce n'est pas une Christophia Paolinia bien sûr !", je lis l'article : "Le plus difficile, ça a été de trouver un éditeur, et puis les fonds bien sûr, ma mère a dû utiliser les 3400 euros mis de côté pour mes études pour payer les frais d'édition"... "On était ravies de signer ce contrat !"

Et ensuite l'article élogieux de ce jeune prodige...

Donc je suis allée sur le site de ladite maison d'édition (citée dans l'article) :

"Ne pensez pas que le fait d’être un nouvel auteur soit un handicap vis-à-vis de notre maison car créativité et maturité ne sont pas forcément l’apanage des écrivains confirmés. Nous pensons au contraire que se cachent derrière certaines « nouvelles plumes » des diamants bruts qui ne pourront révéler leur éclat que si on leur laisse une chance d’être montrés à un public…
Pour notre comité de lecture, seule la qualité de vos écrits compte.

Ne laissez donc pas ces manuscrits au fond d’un tiroir, vous y laisseriez probablement un fragment de vous-même.
Nous saurons, avec le plus grand soin, donner forme à votre projet et ce, quel qu’en soit le thème ou le genre."


En fait, ça me fout la gerbe

[Ookdelph]

"Le plus difficile, ça a été de trouver un éditeur, et puis les fonds bien sûr, ma mère a dû utiliser les 3400 euros mis de côté pour mes études pour payer les frais d'édition"... "On était ravies de signer ce contrat !"

[...]

En fait, ça me fout la gerbe

Pareil. En fait ça me foutrait même en rogne, là

[Blackwatch]

Pareil. En fait ça me foutrait même en rogne, là

Idem. Je me souviens d'un cas, à peu de choses près, semblable à celui qu'évoque Noony. Même pitch de départ: une jeune fille, blabla, premier manu, blabla, égale à Rowling par le talent, 'fin bref toutes les comparaisons foireuses qu'on peut sortir à chaque nouveau récit.

Bon, au moins, elle était bien entourée à la Foire du Livre. Vu comment l'équipe éditoriale accostait les passants à leur stand, genre "vous avez vu notre nouveau poulain ?" ... Ca me ferait plutôt grincer des dents.

Le pire est sans doute qu'elle, l'auteur donc, était sans doute persuadée d'avoir fait le bon choix. A croire qu'elle ne pouvait pas se renseigner un tantinet avant de signer un tel contrat!

[lapin blanc]

Tout ceci est affligeant.

[Lyskald]

En extrapolant, tout ceci n'est pas très loin des nénettes voulant à tout prix devenir mannequin et se faisant arnaquer de1000 euros ou plus pour avoir un book avec des photos miteuses faites par un photographe du dimanche.


Je me suis toujours méfiée comme de la peste des éditions à compte d'auteur. J'avais entendu parler dans ma région d'une dame retraitée qui avait fait publier ses poèmes (à l'eau de rose) dans une maison a compte d'auteur. On lui avait expliqué que pour amortir ses frais, le coût à l'unité serait moindre s'il elle prenait un grand nombre. Elle a donc fait éditer 5000 exemplaires de ses poèmes... Elle a pas dû tous les écouler encore.

[Sombreloup]

"Le plus difficile, ça a été de trouver un éditeur, et puis les fonds bien sûr, ma mère a dû utiliser les 3400 euros mis de côté pour mes études pour payer les frais d'édition"... "On était ravies de signer ce contrat !"

[...]

Assez drôle.

[Cibylline]

Le pire est sans doute qu'elle, l'auteur donc, était sans doute persuadée d'avoir fait le bon choix. A croire qu'elle ne pouvait pas se renseigner un tantinet avant de signer un tel contrat!

Quand tu as 15 ans, tu n'as aucune idée de tout ça.

J'avais 17 ans et je rêvais de publier mes écrits... et j'ai failli me faire avoir, je ne me souviens plus ce qui m'a retenu, sans doute que l'éditeur encensait mes poèmes d'une manière qui m'a paru suspecte.
C'était en 1990, y'avait pas internet et je n'aurais sans doute pas trouvé toutes les infos qu'on a...

[Samantha]

Je n'ai rien contre les gens qui veulent être publiés à tout prix, après tout, chacun son rêve, mais dans ce cas, ça vaut bien plus le coût de faire imprimer soi-même son manuscrit ou d'utiliser des imprimeurs comme Lulu.com parce qu'avec 3400 euros... il y a vraiment d'énormes profiteurs.

[Draconesse]

Le pire est sans doute qu'elle, l'auteur donc, était sans doute persuadée d'avoir fait le bon choix. A croire qu'elle ne pouvait pas se renseigner un tantinet avant de signer un tel contrat!

Quand tu as 15 ans, tu n'as aucune idée de tout ça.

J'avais 17 ans et je rêvais de publier mes écrits... et j'ai failli me faire avoir, je ne me souviens plus ce qui m'a retenu, sans doute que l'éditeur encensait mes poèmes d'une manière qui m'a paru suspecte.
C'était en 1990, y'avait pas internet et je n'aurais sans doute pas trouvé toutes les infos qu'on a...

A 15 ans, j'étais au courant de tout ça. J'en ai aujourd'hui presque 18, donc : merci Internet

[Ookdelph]

Le pire est sans doute qu'elle, l'auteur donc, était sans doute persuadée d'avoir fait le bon choix. A croire qu'elle ne pouvait pas se renseigner un tantinet avant de signer un tel contrat!

Quand tu as 15 ans, tu n'as aucune idée de tout ça.

Mais mathématiquement, les parents d'ados de 15 ans N'ONT PAS 15 ans, et devraient se méfier plus. D'où ma rogne sur la gamine qui était ravie de payer pour se faire "éditer", au lieu d'avoir de quoi payer des études : non seulement "l'éditeur" est déjà pourri de base, mais en plus les parents ont pas été fichus de se renseigner, ou de se rendre compte que 3500 euros ça n'est pas 3500 francs, et donc une somme NETTEMENT PLUS qu'abusive.

Y'a des baffes qui se perdent, des fois.

(y'a peut-être une histoire de famille pas joyeuse derrière, si sa mère est seule à l'élever, mais ça n'excuse pas la bourde monumentale d'utiliser de l'argent mis de côté pour un truc utile – à savoir des études – dans un truc frivole et inutile – un bouquin, certes avec le nom de la fille dessus, mais ça ne fera probablement pas avancer le schmilblick du futur de la gamine.)

[Cibylline]

Là, je crois que tu te gourres vraiment...

Les parents de la gamine, z'ont peut-être pas internet, savent peut-être même pas où ils pourraient se renseigner.
De leur point de vue, un éditeur (un vrai ! comment se douteraient-ils qu'il en existe des faux !!!) a remarqué leur gamine et être écrivain, c'est une vocation, c'est bien plus important que des études.

Tout le monde ne pense pas comme toi et/ou n'a pas forcément accès aux mêmes infos...

[Oliv]

ça ne fera probablement pas avancer le schmilblick du futur de la gamine.

Bah si, puisqu'avec son roman elle va devenir riche et célèbre, comme Bernard Werber et JK Rowling. Elle n'aura pas à faire d'études puisque de toute façon elle n'aura pas besoin de trouver un vrai travail. Vous ne saviez pas que la littérature ça paye vachement bien?

Je crois que, contrairement à ce que dit Lyskald un peu plus haut, il n'y a même pas besoin d'extrapoler: la situation est la même que celle de ces gamines qui pensent sincèrement pouvoir faire l'Olympia parce qu'elles acceptent de se faire sauter par tel ou tel pseudo-producteur...

[siana-blackangel]

Je dois dire que j'ai appris à ma mère que tous les éditeurs ne demandaient pas à être payés. Elle avait du mal à croire qu'on pouvait se faire publier sans participer aux frais.

[Napalm Dave]

Dans une société où l'on est passé du droit à tout le monde d'avoir une activité artistique au droit à tout le monde d'être artiste, ce n'est pas étonnant d'assister à de tels dérapages.
Hé oui, même des parents qui ne sont pas de sombres ignorants ni des cas sociaux peuvent tomber dans ce genre de pièges: que ce soit en littérature, en mannequinat, en chanson ou en danse.
Que dire de plus sur les méfaits des marchands de rêve envers les jeunes quand l'école est décrédibilisée et les perspectives d'avenir de plus en plus compromises? Que dire à des ados qui se laissent embobiner à la faveur de l'ignorance et d'une économie en pleine déliquescence gérée par des zombis ?

[Cibylline]

Oh, oui, c'était tellement mieux avant, mais la société est toute pourrite et tout va de mal en pis, mon brave monsieur

Ou, alors, c'est beaucoup mieux qu'avant parce que, avec l'info à laquelle on a accès, on peut être artiste sans se faire anarquer ?

[Napalm Dave]

Oui et non: l'info se trouve sur internet, mais le mensonge aussi. Et devant le flot d'infos contradictoire, tout le monde n'a pas la rigueur et les outils pour trier le vrai du faux.
De plus, quand il s'agit du rêve de ses propres enfants, nombre de parents, je pense, ne voient pas les arnaques principalement parce qu'ils n'ont pas envie de les voir...

[Cibylline]

De plus, quand il s'agit du rêve de ses propres enfants, nombre de parents, je pense, ne voient pas les arnaques principalement parce qu'ils n'ont pas envie de les voir...

Et en quoi la situation est-elle différente d'autrefois ?

[Napalm Dave]

Mais je ne fais référence à aucune époque antérieure, aucun "âge d'or" réel ou supposé, je dis simplement que le passage à une société de l'image, du média ou du paraître a largement favorisé les marchands de rêve et leurs arnaques et qu'il est de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux.
Je crois d'ailleurs que Lyskald a donné un très bon exemple avec avec les book de jeunes mannequins, et encore n'a-t-elle pas évoqué les pièges les plus sordides en lamatière.

[Oph]

La différence est que de nos jours, avec la multiplication des réseaux et notamment l'extension d'Internet, quand on a un rêve, on n'a qu'à farfouiller un peu avec un moteur de recherche pour avoir l'impression qu'on peut le toucher du doigt. On peut en venir à croire que c'est devenu facile, alors que réussir dans un domaine artistique est tout aussi ardu aujourd'hui que ça l'était il y a dix, vingt ou cinquante ans.

Je précise que pas plus que Dave, je ne pense qu'il y a eu un âge d'or où se faire connaître était simple. L'erreur serait de croire que ça l'est devenu, et malheureusement, bien des gens la commettent.

[Blackwatch]

Les parents de la gamine, z'ont peut-être pas internet, savent peut-être même pas où ils pourraient se renseigner.

La différence est que de nos jours, avec la multiplication des réseaux et notamment l'extension d'Internet, quand on a un rêve, on n'a qu'à farfouiller un peu avec un moteur de recherche pour avoir l'impression qu'on peut le toucher du doigt

Justement ce que j'allais dire pour une ado. Ok, elle peut être enthousiaste et presser ses parents de signer. Mais quant à l'impossibilité de se renseigner ou même d'attendre avant de signer un contrat, là je n'y crois pas.

Ce qui me choque également dans l'histoire de Noony, c'est la somme engagée et surtout son objectif initial, pour les études de la gamine. Avant d'engager cette somme et surtout pour un truc aussi important, on réfléchit tout de même un minimum.