Etre publié... Pour quoi faire?

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Ookdelph
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Messagepar Ookdelph » 01 Avr 2008, 20:46

xavpoix a écrit :Mais pour répondre à Oliv', je souhaite être publié parce que j'aime assez écrire pour vouloir en vivre. C'est tout.


C'est pas forcément une bonne idée de vouloir vivre d'une passion "artistique"… Parce quà partir du moment où on saute le pas, où on décide qu'on va en vivre, il *faut* produire. Et du coup ça peut sérieusement perdre de son charme.

(petit coup d'oeil pour voir si j'avais donné mon avis dans ce fil… Ahoui tiens.)

Ookdelph a écrit :Parce que des fois on pense vouloir quelque chose, et quand on l'a sous le nez, bin...


J'ai eu une nouvelle publiée depuis ce message. Bah j'en ai pas réellement parlé autour de moi (en vrai, je veux dire, face à face avec des vrais gens), voir mon vrai nom sur la couverture m'a fait bizarre, je n'ai toujours pas relu mon texte de crainte de le trouver toupourri, la seule fois où on m'a demandé un autographe ( :shock: ) je me suis retrouvée comme une idiote devant la page...
Donc autant pour la reconnaissance (hrm), l'échange avec le public (...) et autres trucs évoqués dans mon premier post (sur la première page. Facile.)

J'ose pas imaginer ce que ce sera si j'arrive à finir mon roman :-?

... et pourtant j'ai quand même envie de le proposer. Et là, je dirais que c'est pour avoir des retours de gens (plus ou moins) professionnels, avoir leur avis (même si forcément, je serais bien embêtée qu'on me dise que ça vaut rien) et retravailler le texte guidée par leur expérience, au lieu d'avancer à tâtons comme je fais pour l'instant (j'ai eu des bêta-lectures, mais seulement sur une partie, postée pendant un NaNo au fur et à mesure…)

... et après, bah je sais pas. L'objet fini, avec une vraie maquette (et logo) d'un vrai éditeur, ce serait le pied, pour sûr, mais *après*... bah je sais pas.

De toute façon j'en suis pas là...

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adu
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Messagepar adu » 01 Avr 2008, 21:14

Vous avez vu ? Elle se fait mousser sans même dire chez qui sa nouvelle a été publiée. Cte fausse modestie diablo :twisted:

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Sombreloup
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Messagepar Sombreloup » 01 Avr 2008, 21:31

Y'a pas de quoi en faire un fromage non plus.
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Karyalis
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Messagepar Karyalis » 07 Avr 2008, 15:12

Je suis de l'avis de roland. J'écris parce que ça me plais et j'aimerai être éditée parce que les livres de fantasy que je peux aimer sont rares. Je pense que j'ai créé un univers à part entiére aussi et que je souhaite le faire partager aux lecteurs car tout le monde n'a pas internet.

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Beltane
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Messagepar Beltane » 07 Avr 2008, 16:09

Y a quand même un truc qui me chiffonne dans tout ça.

Je me réfère à
Ookdelph a écrit :C'est pas forcément une bonne idée de vouloir vivre d'une passion "artistique"… Parce quà partir du moment où on saute le pas, où on décide qu'on va en vivre, il *faut* produire. Et du coup ça peut sérieusement perdre de son charme.


et à d'autres discussions plus anciennes.


Quand un peintre ou un illustrateur dit qu'il veut vivre de son art, ça ne choque personne.

Quand un chanteur, un musicien ou un acteur dit qu'il veut vivre de son art, ça ne choque personne.

Quand un sculpteur, un cinéaste ou un photographe dit qu'il veut vivre de son art, ça ne choque personne.

Mais quand une personne qui écrit (un écrivain, oui) dit qu'il voudrait bien vivre de son art, c'est tout de suite le tollé quasi général.

Je n'arrive décidément pas à comprendre pourquoi on fait ces deux poids et deux mesures.

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Messagepar enger » 07 Avr 2008, 16:21

Parce que les auteurs sont payés à coup de lance pierre.

Ce qui veut dire que pour vivre de sa plumme on a la volonté d'écrire un best seller ou d'avoir la capacité de faire de la production de masse vendable.

Peu d'auteurs peuvent prétendre avoir la puissance d'atteindre un seul de ces deux objectifs et on arrive vite à qualifier de prétentieux ceux qui prétendent pouvoir y parvenir avec une ou deux nouvelles à leur actif.

Maintenant, il y a des auteurs confirmés qui en ont tout à fait le potentiel et je ne m'avancerai pas à jetter la pierre sur leurs ambitions.
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Messagepar Eonath » 07 Avr 2008, 16:29

enger a écrit :Parce que les auteurs sont payés à coup de lance pierre.

Ce qui veut dire que pour vivre de sa plumme on a la volonté d'écrire un best seller ou d'avoir la capacité de faire de la production de masse vendable.




Je pense qu'en fait, ça, c'est valable pour l'ensemble des professions artistiques.

Je rejoins donc Beltane.

" Je n'ai pas besoin de trembler pour penser, je pense pour trembler."
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Napalm Dave
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Messagepar Napalm Dave » 07 Avr 2008, 17:33

Mais quand une personne qui écrit (un écrivain, oui) dit qu'il voudrait bien vivre de son art, c'est tout de suite le tollé quasi général.

Je n'arrive décidément pas à comprendre pourquoi on fait ces deux poids et deux mesures.


ça, et j'en parle d'ailleurs sur mon blog de manière plus détaillée, à cause de l'apparente facilité lié à la tâche de l'écriture: vous n'avez besoin que de peu de matériel, de travail, de rigueur, d'imagination et de beaucoup de motivation.
Je dis bien "apparente" facilité car l'écriture n'est en rien une forme d'art facile à pratiquer, du moins, quand on se fixe des objectifs de publication.

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Ookdelph
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Messagepar Ookdelph » 07 Avr 2008, 18:11

Je ne parlais pas du côté pratique de la chose, plutôt du risque qu'il y a à être dégoûté à force d'être "obligé" (je n'ai jamais aussi pu dessiné qu'à la fac d'arts plastiques, pourtant c'est pour ça que j'allais là-bas >_<)

Mais puisque tu abordes le sujet…

Beltane a écrit :Y a quand même un truc qui me chiffonne dans tout ça.

Je me réfère à
Ookdelph a écrit :C'est pas forcément une bonne idée de vouloir vivre d'une passion "artistique"… Parce quà partir du moment où on saute le pas, où on décide qu'on va en vivre, il *faut* produire. Et du coup ça peut sérieusement perdre de son charme.


et à d'autres discussions plus anciennes.


Quand un peintre ou un illustrateur dit qu'il veut vivre de son art, ça ne choque personne.

Quand un chanteur, un musicien ou un acteur dit qu'il veut vivre de son art, ça ne choque personne.

Quand un sculpteur, un cinéaste ou un photographe dit qu'il veut vivre de son art, ça ne choque personne.


:shock: Personne ?
:shock: :shock: Tu es *sûr* ?

Le seul métier qui me paraît avoir la possibilité la plus raisonnable d'être "rentable" dans tout ça, c'est comédien. Ou musicien, en fait. Mais au prix de quelles galères...

Alors si tu veux, non, ça ne me "choque" pas, mais devant ce genre de volonté, j'aurai tendance à hésiter entre dissuader la personne, et lui souhaiter bien du plaisir (avec la dose d'ironie qui va bien). Et devant quelqu'un qui réussit là-dedans, j'oscille entre admiration (nettement !) et "il/elle a dû avoir pas mal de chance pour y arriver !" (et beaucoup de boulot, de nuits blanches, d'absence de vie à côté, probablement.)

Parce que c'est un fait : vivre de ce genre de métier, ce n'est vraiment pas facile.



Je rejoins aussi Napalm Dave sur ce qu'il dit, et j'ajoute : souvent, quand un auteur débutant parle de "vivre de sa plume", je pense qu'il imagine rarement avoir à faire des piges dans les journaux, ou des traductions, et pense plutôt "be$t-$eller".

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Messagepar Oliv » 07 Avr 2008, 18:31

Eonath a écrit :
enger a écrit :Parce que les auteurs sont payés à coup de lance pierre.

Ce qui veut dire que pour vivre de sa plumme on a la volonté d'écrire un best seller ou d'avoir la capacité de faire de la production de masse vendable.




Je pense qu'en fait, ça, c'est valable pour l'ensemble des professions artistiques.

Je rejoins donc Beltane.

Je suis désolé, mais je vais devoir être d'accord avec Enger. Je m'explique. Je sais que les chiffres varient, mais en général - du moins dans les cas que je connais - on a un schéma proche de celui-ci:

- L'écrivain bosse un an sur son roman, il en vend 500 exemplaires - et encore, s'il a la chance de faire partie de la minorité d'auteurs qui parviennent à être publiés par des éditeurs honnêtes - il touche 500 euros.
- L'illustrateur de ce même roman bosse une semaine sur la couverture, il est payé à l'illustration, il touche 500 euros.

Rien qu'avec cet exemple, on peut commencer à deviner pourquoi il est plus facilement envisageable de vivre de sa palette graphique que de sa plume.

[Même si nous sommes sur Avis de Tempête, je n'ai pas non plus envie de m'attirer les foudres de mes amis dessineux, je le précise donc: cela ne veut pas dire que je trouve votre situation confortable, enviable, privilégiée ou quoi que ce soit...]
À l'Affreux Oliv (Mars 2005-Février 2010), la Patrie pas reconnaissante.

Si vous me cherchez, je ne suis plus ici.

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Beltane
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Messagepar Beltane » 07 Avr 2008, 18:40

Tout à fait d'accord avec ce que tu dis, Oliv'.

Et c'est cette situation que je ne trouve pas normale.

Quand je disais "tout le monde", c'était en référence à ceux qui reprochent aux écrivains de se battre pour avoir un statut, une couverture sociale et le droit au minimum vital. Mais non, l'écrivain n'a pas le droit de ne vivre que de son art, il est obligé d'avoir un emploi alimentaire à côté, pour survivre. Et puis combien lui diront "le fait d'être publié, c'est déjà super pour ce qui n'est qu'un hobby, alors n'exagère pas en demandant en plus à être payé !"

Mais et pour ceux qui ne considèrent pas l'écriture comme un hobby, mais comme leur vrai métier ?

Je sais que les débuts sont également très difficiles pour les autres professions artistiques. Mais dès qu'un comédien, un musicien ou un illustrateur commence à percer un peu, c'est bon, il peut le lâcher, s'il le souhaite, son emploi alimentaire. L'écrivain, lui, ne le pourra quasiment jamais.

Pourquoi la société (pas les gens de ce forum, entendons-nous bien) rend-elle plus difficile les choses pour l'écrivain que pour les autres artistes ?

J'ai la réponse : la désaffection du public pour l'écrit au profit de l'image. Le fait aussi que, vu de l'extérieur, ça semble effectivement si facile, d'écrire. Tellement à la portée de tout le monde...

En fait, ce que je dis là, tout le monde ici le sait déjà. Je ne sais pas pourquoi j'ai soudain ce besoin de radoter :oops:

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Ookdelph
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Messagepar Ookdelph » 07 Avr 2008, 18:51

Ahoui, vu comme ça...

Ce n'est pas valable aux Etats-Unis d'après les divers articles que j'ai pu lire sur le sujet, où lorsqu'on parle du but en écrivant une nouvelle, ou un roman, il est plus question de la *vendre* que de la *faire publier* – ce qui revient au même pour le lecteur, mais pas pour l'auteur. Ajoutons à ça des agents littéraires nombreux et souvent honnêtes (en France ils commencent tout juste, il me semble, et beaucoup ne sont là que parce qu'ils ont déniché un sujet d'arnaque au poil)
Il y a une approche beaucoup plus pragmatique, question pécunière, qui me fait m'interroger sur les proportions d'auteurs "professionnels" là-bas et en Europe (ou au moins en France.)

Pourtant, on ne peut pas dire que les Etats-Unis s'intéressent moins à l'image... [edit : d'un autre côté, même si en proprtion il y a autant de lecteurs, le public total est nettement plus nombreux, sans compte l'exportation dans les pays anglophones. Donc que ce soit plus rentable là-bas, ce n'est probablement pas étonnant. En fait.]

[Donc, bah, je sais pas. J'invoquerais bien le snobisme intello habituel, mais qui sait quel job alimentaire avaient Hugo, Balzac, Dumas ou Rostand ? Euh...]

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Napalm Dave
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Messagepar Napalm Dave » 07 Avr 2008, 18:55

J'ai la réponse : la désaffection du public pour l'écrit au profit de l'image. Le fait aussi que, vu de l'extérieur, ça semble effectivement si facile, d'écrire. Tellement à la portée de tout le monde...

En fait, ce que je dis là, tout le monde ici le sait déjà. Je ne sais pas pourquoi j'ai soudain ce besoin de radoter blush


Tu as tout à fait ciblé le problème: l'écriture n'est pas visible et n'a quasiment aucune portée médiatique, les activités liées à l'image et à la musique en ont beaucoup plus. Et dans une société où on est passé du droit pour tout le monde d'exercer une activité artistique au droit à tout le monde d'être artiste, on met surtout en valeur la chanson et la musique.
L'écrivain, avec son peu de visibilité et l'apparente facilité de son art, passe tout de suite pour un prétentieux lorsqu'il prétend vivre de son art. D'ailleurs, les plus rigoureux et les meilleurs ne seront pas forcément les plus publiés.

Et pourtant, bosser avec les mots n'est vraiment pas donné à tout le monde.

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Messagepar lambertine » 07 Avr 2008, 19:20

Euh ?

Proportionnellement, combien de comédiens, de musiciens, de peintres, vivent de leur art et exclusivement de leur art ?

Ma fille est comédienne. Elle a de la chance : elle travaille (comme doubleuse, parce qu'elle est enceinte jusqu'aux yeux). Et son mari assure l'intendance en tant qu'ingénieur. Mais la plupart de ses amis sont payés "au lance pierre" et courrent de casting en casting. La vie d'intermitent du spectacle n'est pas si facile, et beaucoup d'entre eux ont aussi une profession alimentaire. Sans compter que dans leur cas, la plupart des gens considèrent aussi que ce qu'ils font, tout le monde peut le faire.

Et la grosse majorité des peintres, des musiciens, des dessinateurs de BD etc... sont dans le même cas.

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Beltane
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Messagepar Beltane » 07 Avr 2008, 19:56

Je n'ai pas dit autre chose, Lambertine.

Mais des comédiens, musiciens et illustrateurs qui arrivent à ne vivre que de leur art + des aides de l'Etat, au bout de quelques années, j'en connais beaucoup plus que d'écrivains dans la même situation, vu qu'en plus, l'écrivain n'a pas droit aux aides de l'Etat, à part des bourses attribuées une fois toutes les morts de pape et selon des critères parfois un peu spécieux.

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Epistolier
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Messagepar Epistolier » 07 Avr 2008, 22:15

J'ai l'impression qu'on peut vite arriver à convaincre qu'un peintre, un illustrateur, un sculpteur, et même un comédien est un artiste.

Mais allez dire qu'un écrivain est un artiste !

J'ai pu entendre que la littérature est un art, mais l'écrivain, un artiste ? Jamais.
Arthur C. Clarke nous a quitté :(

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Ookdelph
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Messagepar Ookdelph » 07 Avr 2008, 22:21

Epistolier a écrit :J'ai pu entendre que la littérature est un art, mais l'écrivain, un artiste ? Jamais.


C'est pour pas confondre avec le poète (pouet)





(oh, une porte.)

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le_navire
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Messagepar le_navire » 08 Avr 2008, 10:21

Je plussoie Beltane sur ce sujet, absolument.
Ceci dit je mettrais les peintres et les sculpteurs dans la même situation que les écrivains. Graphistes et illustrateurs, c'est une chose, peintres et sculpteurs, une autre. Et pas de statut d'intermittent pour eux non plus.

En France, je crois qu'on considère que toutes les professions intellectuelles sont ouvertes à l'auteur et qu'elles s'apparentent à son rôle d'intellectuel dont l'écriture de romans n'est qu'un aspect, une manière d'expression.
Le fait que la pratique montre la fausseté de ce présupposé ne change rien à la perception qu'en ont les gens...

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Messagepar ereneril » 08 Avr 2008, 10:32

Le problème de l'écrivain, c'est le temps.
C'est ce qui rend le métier non rentable.

Un livre, c'est un an de boulot. Si je dis 1000 heures, je ne dois pas être très loin du compte. Une toile, c'est quelques dizaines d'heures. Si un auteur touche autant par roman qu'un peintre vend ses toiles, l'un produira des dizaines de fois plus. Là où c'est de l'argent de poche pour l'un, ça deveint un revenu pour l'autre.

On peut sinon comparer le roman avec un disque. Le temps de travail est similaire : les chanteurs et groupes sortent en gros un album tous les 1 ou 2 ans. Les pourcentages sont en gros similaires. le prix de vente est aussi similaire (15 à 20 €). Pourquoi se vend-il plus de disques que de livres ?

D'abord bien sur, parce que écouter un disque, c'est djeunz, à la mode et tout. Mais surtout, ça ne prend pas de temps. Un disque, c'est 45 minutes, 1 heure max et une écoute, c'est quelque chose qui se fait rarement de manière isolée. On écoute un disque avec des amis, devant une bière, en faisant la cuisine, etc.
C'est facile de réécouter le disque plusieurs fois.

Un livre, ça prend des heures de lecture, ça se fait de manière isolée. C'est très consommateur en temps pour l'acheteur donc moins tentant, moins rentable.

La Bd s'en sort parce que le temps de lecture est très faible comparé à celui du roman. On va plus se rapprocher du mode de consommation du disque. Les auteurs de BD s'en sortent donc mieux. Il y a d'ailleurs plus d'auteurs de BD qui vivent de leur art que d'auterus de romans (en tout cas en pourcentage)

Le livre est donc moins rentable que d'autres formes d'art. Tout simplement pour une question de temps.
Les dés ont fini de rouler...

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Messagepar Samantha » 08 Avr 2008, 10:47

Les créateurs d'histoire sont bien rémunérés dans la BD en revanche. C'est 50/50 entre scénariste et dessinateur.

Je connais beaucoup d'illustrateurs qui vivent de leur art, mais c'est aussi grâce à une sacrée différence de paiement sur les projets à long terme : par exemple, en BD, durant la conception, l'éditeur verse des avances sur les droits d'auteur pendant un an, afin que le dessinateur puisse vivre durant la conception du projet, puis l'éditeur verse ce qu'il restera de droit d'auteur en fonction des ventes. On a pas du tout le même type de procédure dans une maison d'édition de romans, on ne peut pas proposer dix pages et que l'éditeur dise "oh oui, excellente idée, je te rémunère pendant un an avant la sortie du roman." En gros, le romancier présente un travail fini, l'éditeur adhère ou non, ce n'est pas du tout le même type de procédure. Et un dessinateur peut passer une commande, personnellement, je ne crois pas que quelqu'un ici ait déjà été contact pour écrire une nouvelle rémunérée lol mais je ne doute pas que ça existe dans de grosses maisons d'édition.

Tout ça pour dire qu'au final, pour avoir été plongée dans le milieu éditorial BD/manga d'une grosse boîte, j'ai remarqué que dans ce cas précis le rapport de confiance dessinateur/éditeur se justifiait aussi par le côté très commandé du projet. En gros, si le dessinateur réussissait à satisfaire les premières attentes de la boîte, ensuite l'éditeur lui financerait un projet plus personnalisé. À côté de ce statut qui semble d'apparence enviable, pour reprendre l'exemple de cette boîte, ledit dessinateur doit sillonner la France en dédicace et avancer dans son tome suivant pour pouvoir vivre... et si l'éditeur lui paye les déplacements (encore heureux !), en revanche, il doit se débrouiller pour trouver le temps de donner ses rendus. Sympathique aussi, dans le genre.

En fait, je crois que je comprends à quoi fait allusion Ookdelph. Du fait qu'une fois publié, si l'on veut "vivre de son art", soit aux conditions explicitées de produire énormément ou de faire un best seller, en supposant que l'on choisisse la première proposition, je crois que l'on peut arriver à se dégoûter de l'écriture. Et pourtant, on fait le choix d'en vivre pour s'y consacrer, sans être parasité par un métier alimentaire. C'est pour ça que je suis de plus en plus convaincue que c'est une excellente idée d'avoir un autre métier à côté, même si cela complique grandement l'aménagement de plages horaires pour écrire.
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