L'effondrement de l'U.E. ?

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Jeff
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Re: L'effondrement de l'U.E. ?

Messagepar Jeff » 22 Oct 2011, 23:18

C'est une question de goût. Je suis à la page sur ces thèmes parce que je suis cette actualité de près, mais pas autant sur d'autres thèmes comme (au hasard) les romances dans Twilight.

J'ai commencé à lire les journaux régulièrement (au moins une fois par semaine) à peu près à ton âge (quand je suis entré au lycée). Désormais, je parcours deux ou trois journaux quotidiennement et lit les articles qui m'intéressent. Plus que les faits d'actualité, ce sont les analyses qui m'intéressent, ce que tu ne trouves pas dans les journaux télévisés. Les chroniques à la radio aussi peuvent être pas mal (je parle des radios généralistes du genre France Inter, Europe 1 ou RTL, pas des radios musicales qui ne rentrent pas dans les détails de l'information, ce qui n'est pas leur raison d'être).

Essaye pour voir. Ça t'intéressera peut-être.

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Jeff
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Re: L'effondrement de l'U.E. ?

Messagepar Jeff » 08 Déc 2011, 00:44

L'effondrement de l'UE est à l'heure actuelle impensable (je ne parle pas ici de l'Euro). Par contre, les évènements récents esquissent une tendance extrêmement inquiétante vers un système dictatorial de fait.

L’Allemagne d'Angela Merkel se retrouve seule à la tête de l'Europe, non par choix, mais par K.O.
Contrairement aux populistes qui s'ignorent, de droite comme de gauche, qui s'alarment d'une hégémonie germanique, j'observe plutôt une résignation des autres pays, à commencer par la France. Certaines idées allemandes sont intéressantes (promouvoir un véritable fédéralisme européen - à l'image du fédéralisme allemand, évidemment), certaines de leur obsessions me paraissent suicidaires (la limitation des pouvoirs de la BCE, le refus des eurobonds,...). Berlin fléchira sans doute devant la nécessité, mais de nombreux mois, voire des années auront été perdus.

Nous sommes dans un système dictatorial, un peu comme en temps de guerre où les pleins pouvoirs sont attribués à la classe dirigeante. Ainsi, la démocratie est occultée en Grèce et en Italie, où les gouvernements ont été remplacés par des technocrates (disons, des gouverneurs). C'était sans doute nécessaire et une démocratie peut s'en accommoder s'il s'agit d'une situation d'exception limitée dans le temps. Rien ne permet aujourd'hui de présager du contraire.

Par contre, il est beaucoup plus inquiétant de voir institutionnaliser la prédominance de la méthode intergouvernementale, c'est à dire la prise de décision à l'échelle européenne par les chefs de gouvernement. Ce qui est nommé "gouvernance économique" de l'UE ne sera en fait qu'un conseil de chefs d'état (soit entre 20 et 30 personnes, et encore, si on ne se limite pas aux fameux "groupe de Francfort" qui ne regrouperait que 5-6 personnes réellement influentes) qui décidera de la politique économique de l'ensemble du continent.

Bien sûr, le président de la République française est élu démocratiquement et a une légitimité à siéger à ce conseil pour parler en notre nom. Mais a-t-il une légitimité sur le destin des Allemands, des Italiens ou des Grecs? Aucune. De même, la chancelière n'a aucune légitimité a influencé le destin du peuple français.

Une seule institution, à l'heure actuelle, a la légitimité nécessaire pour influer sur la vie de 500 millions d'européens: le Parlement Européen. Une autre pourrait avoir une réelle légitimité, la Commission Européenne, pour peu que son président soit élu (et pas nommé, comme aujourd'hui) au suffrage universelle (ce que propose Berlin) et que ses membres soient issus du parti majoritaire au sein du Parlement (autrement dit, que la Commission Européenne fonctionne comme un vrai gouvernement).

Nous pourrions même imaginer une 2ème chambre, au côté du Parlement Européen, qui représenterait les parlements nationaux (une proposition reprise par certains socialistes français, qui restent cependant très minoritaires), et donc les intérêts nationaux, tandis que le parlement européen représenterait les intérêts des citoyens.

Quoi qu'il en soit, la tendance actuelle ne va pas dans cette direction. L'intergouvernemental, qui a pourtant fait preuve de son inefficacité et de sa faculté à humilier les peuples, est annoncé par notre gouvernement français actuel comme la solution à la crise. Il y a là une vraie fracture politique qui transcende les classes politiques (en schématisant: l'intergouvernemental est soutenu par la majorité de la droite, l'extrême droite et les souverainistes de gauche et d'extrême gauche ; le fédéralisme parlementaire est soutenu par une partie minoritaire de la droite, les radicaux, le modem, la majorité du PS, les Verts ; les communistes et l'extrême gauche sont inclassables ou inaudible sur le sujet).

L'Europe est depuis longtemps accusé d'un déficit démocratique. A l'heure où l'on parle de réforme des traités, rien est fait pour y palier. Au contraire, on s'apprête à supprimer le peu de démocratie qui existait.


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